Même si la liste définitive des victimes de ces jours de violences policières perpétrées du 17 décembre 2010 jusqu'au 28 février 2011 n'a jusqu'ici pas été publiée, des listes provisoires existent au ministère de l'Intérieur, à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) et à l'Instance supérieure des droits de l'Homme et des libertés fondamentales. Ces victimes ont droit, selon des dispositions dérogatoires de la législation tunisiennes promulguées après le 14 janvier, à «des recrutements directs et exceptionnels dans l'administration publique». Ils sont, d'après la loi, dispensés de concours. Or le trentième et unième rapport de la Cour des comptes a révélé l'année passée que le ministère de l'Education nationale et le ministère de la Jeunesse et du Sport ont recruté au cours de la période allant de 2011 à 2016 de faux blessés de la révolution et des membres de familles de pseudo-martyrs. «73 individus cités par ces listes officielles sont morts dans les prisons et 13 autres noms appartiennent à des bébés décédés hors du contexte révolutionnaire», note le rapport. En outre, le rapport démontre que des dizaines de bénéficiaires du décret loi relatif à l'amnistie générale du 19 février 2011 ont été embauchés sans aucun souci des critères de l'âge, du diplôme et de compétence. Le dernier rapport de la Cour des comptes a également démontré que certaines familles de vraies victimes ont été doublement indemnisées pendant la période allant de 2012 à 2014. Conséquence : une somme de 184,5 millions de dinars a été indûment payée à plusieurs bénéficiaires. L'Etat, recommande la Cour, «devrait récupérer ce montant».