A partir du 26 octobre s'est ouverte à la Bibliothèque nationale une exposition itinérante sur le 68 tunisien et le parcours du mouvement Perspectives. Il se poursuit aux Archives nationales, puis à la maison de la culture Ibn-Rachik et enfin sera l'hôte de la Foire internationale du livre au printemps prochain. L'exposition, qui s'étale sur 24 panneaux, a été montée à partir des documents des acteurs et les archives de l'Association Perspectives. Des photos, des caricatures, des affiches, des articles de journaux tunisiens et étrangers et des analyses composent le corpus de l'exposition, qui couvre une période allant d'un peu avant le procès de Mohamed Ben Jennet (arrêté en juin 1967 et condamné à 20 ans de travaux forcés) jusqu'à 1969. Elle rend hommage à des militants perspectivistes victimes du procès de 1968 mais également à des activistes communistes, tels Salah Zghidi et Salah Guermadi. La manifestation revient aussi sur la solidarité internationale dont bénéficie le mouvement lorsque des organisations de droits humains et des journaux comme Le Monde, le Canard Enchaîné, l'Astrolabio ou News Week expriment leur empathie avec ces jeunes étudiants «dotés d'une générosité, révolutionnaires, patriotes, déterminés, épris des valeurs humaines de justice et d'égalité, anti-impérialistes et internationalistes», assure l'historien Amira Aleya Sghaier. Parfois taxés d'«agitateurs», d'autres fois de «semeurs de troubles» par les journaux officiels, ils sont décrits ainsi par un quotidien de la place : «Ils se sont toujours sentis diminués par leur condition de Tunisiens. Ce déracinement les a toujours incités à prêcher des schémas absolus, à s'attacher inconditionnellement aux idéologies importées et à dénigrer systématiquement les réalisations nationales et toutes les prises de position du gouvernement», lit-on sur un des panneaux. A voir absolument.