Par Jalel Mestiri L'arbitrage africain est souvent sujet à débat, notamment lorsqu'il s'agit de suspicion de corruption. Les décisions des arbitres du continent font souvent l'objet de contestations venant des acteurs du football. On a vu un nombre incalculable de fois la Fifa et même la CAF s'agacer contre l'arbitrage africain au cours des compétitions internationales de football. Le niveau actuel de l'arbitrage africain est à revoir. Un changement à tous les niveaux est plus que jamais nécessaire. Ce qui s'est passé au Stade de Borj Al Arab lors du match aller de la finale de la Ligue des champions entre Al Ahly et l'Espérance est une honte. Il a confirmé l'idée que les arbitres africains faussent très souvent les résultats des matchs. Des dispositions doivent être prises pour que l'arbitrage ne puisse pas être le grain de sable dans la machine du football africain. Il ne faut pas oublier à ce propos que la première volonté du président Ahmad Ahmad lors de son élection à la CAF était de faire en sorte que le football africain soit bien vu sur le continent et ailleurs. Le comportement récidiviste des hommes en noir incite l'instance africaine à prendre des mesures draconiennes. Des suspicions de corruption ont fini par ternir l'image du football africain qui a aujourd'hui plus que jamais besoin d'une véritable thérapie. Si les arbitres ont la lourde responsabilité de prendre des décisions qui peuvent parfois leur coûter cher, ils sont mis à l'abri du besoin et de la tentation de corruption. Leurs salaires sont conséquents. Par rapport aux éditions antérieures, le salaire des arbitres à la coupe du monde 2018 en Russie a connu une forte revalorisation. En 2010, les arbitres touchaient 28.000 euros. En 2014, leur salaire a connu un bond jusqu'à 40.000 euros. En 2018, c'est le jackpot avec 70.000 euros chacun, plus une prime de 2 500 euros par match! Leurs assistants ont perçu chacun 20.000 euros plus 1.600 euros par match. De quoi arbitrer en toute sérénité. On pourrait soustraire les problèmes de forme qui ne cessent de marquer le football africain, mais les questions essentielles de l'arbitrage africain restent toujours sans réponses. Il semble entendu que les valeurs sportives et toutes les significations qui s'y rattachent n'ont plus de sens ou de raison d'être pour la plupart des arbitres. Le modèle africain est affecté par des considérations et des arguments qui n'ont aucun rapport avec le sport. La remarque n'est pas anodine puisque l'impartialité ne fait pas partie des priorités absolues. Tout cela dépasse largement le débat autour de l'idée que l'on se fait des erreurs arbitrales, de l'utilité du VAR. L'image donnée dépend beaucoup trop des déviations dans lesquelles l'arbitrage est entraîné et dont la CAF assume visiblement une grande partie. Tout cela n'est pas lié uniquement aux arbitres. C'est sûrement pareil à d'autres niveaux d'investigations intenables. L'arbitrage africain se serait ainsi installé sur une montagne de dérives, soutenu par des hommes privés de discernement, de compétence et surtout de bonne foi. Il tourne le dos à la vie sportive, à la vie tout court. Les standards et les règles communément respectés sont bafoués. Pendant ce temps, les arbitres corrompus sortent sur les vidéos. Comme le dit un proverbe africain: « un homme corrompu est sans honneur et sent plus mauvais qu'un cadavre».