Ahmad Ahmad n'a rien de la tenue condescendante de son prédécesseur! Le nouveau président de la CAF, Ahmad Ahmad, qui était entre nos murs il y a quelques jours, a été fêté comme il se devait par tous ceux qui l'avaient reçu et accueilli. L'homme était observé et ses faits et gestes étaient suivis pour essayer de déterminer sa personnalité. La première impression et elle était importante : il n'avait rien de la tenue condescendante qui émanait de son prédécesseur. Il était modeste, humble et dégageait une aura de confiance autour de lui. C'était déjà énorme et ses vis-à-vis lors des réunions ou des prises de paroles se retrouvaient parfaitement à l'aise en sa présence. Aussitôt débarqué dans les locaux de sa confédération et bien instruit de ce qui s'y tramait, il lança la machine, souhaitant sans le cacher, réveiller ce corps lymphatique qui avait une peur viscérale du changement. Ses premières décisions avaient de quoi révolutionner cette CAF qui dormait du sommeil du juste. «Nous ne sommes pas là pour détruire, mais pour reconstruire la CAF tous ensemble ». Le président Ahmad n'a pas mâché ses mots et a souvent fait référence au passé pour expliquer la tenue du symposium organisé au Maroc, avec des acteurs importants du football africain. «Trop de décisions n'ont pas été prises à temps» «C'est un regroupement historique des forces vives du football africain. Nous sommes ici pour tirer les leçons du passé et se dire la vérité. Je reste fidèle à mes engagements et j'assurerai la gestion de la CAF avec tous les acteurs du football africain», affirmait le président Ahmad en présence du président de la Fifa, Gianni Infantino, à ses côtés. Selon Ahmad : «Trop de décisions n'ont pas été prises à temps». «Soyons prêts et unis pour prendre le train des réformes». De ce symposium des décisions importantes, objet d'un consensus saisissant, ont été prises. CAN : compétition et cahier des charges Passage à une Coupe d'Afrique des Nations à 24 équipes dès l'édition de 2019 avec un tournoi qui devra se disputer entre les mois de juin et juillet. La compétition continuera à se disputer tous les deux ans, les années impaires et exclusivement sur le continent africain et avec des sélections nationales africaines. Ce changement de date, ou plus exactement de période, demandé en passant par la Tunisie depuis une...dizaine d'années, n'a jamais trouvé écho auprès de l'ancienne équipe dirigeante. L'Unfp de France, aussitôt informée de cette décision, a réagi positivement. Organiser la Coupe d'Afrique des nations (CAN) en été dès 2019 est «dans l'intérêt des footballeurs africains», a estimé le syndicat des joueurs professionnels évoluant en France, qui se réjouit de la décision prise par la Confédération africaine (CAF). «Combien de joueurs africains évoluant en France, et plus largement en Europe, ont été, depuis toujours, tiraillés entre leur club employeur et leur devoir envers leur pays? A chaque appel en sélection, le joueur risquait parfois de perdre sa place de titulaire en club, avec tout ce que cela implique physiquement et psychologiquement». Compétitions interclubs Le Comité a convenu de maintenir le format actuel, mais de procéder à l'avenir à un changement de calendrier pour les compétitions interclubs qui devraient commencer à se dérouler entre les mois d'août à mai. De même, on a décidé du développement du football (entraînement, arbitrage, médical). Le principe de l'augmentation des indemnités payées aux arbitres a été approuvé. Le Comité a signifié sa détermination à accompagner toutes les solutions scientifiques et médicales à même d'éradiquer le phénomène de trafic des âges. Tout comme les recherches pouvant permettre de déterminer les causes de mort subite chez les footballeurs, dont la majorité des victimes sont originaires d'Afrique. La question relative à l'âge est un scandale qui se répercutait sur le football africain et on n'a jamais pris les bonnes décisions pour y mettre un terme. Quant aux accidents dramatiques qui émaillaient les compétitions et même les entraînements, ils se suffisaient de l'effet d'annone faite juste après le décès d'un jeune ou parfois d'un footballeur connu. Football des jeunes Le Comité a décidé de l'organisation d'éliminatoires zonales pour les Coupes d'Afrique des nations des catégories jeunes (U17, U20, U23). Avec la flexibilité offerte à chaque zone de proposer une formule. Le Comité a également prescrit le renforcement des contrôles médicaux dans la détermination de l'éligibilité des joueurs. Partenariats internationaux Le comité reconnaît l'urgence d'une amélioration des relations entre la CAF, ses associations membres, les Etats et l'Union africaine. Communication et médias Le Comité exécutif s'inscrit en droite ligne des suggestions formulées pour l'amélioration des outils de la communication de la CAF, dans le domaine digital et des réseaux sociaux notamment avec la mise en ligne d'un site internet en adéquation avec les standards du moment. Ahmad Ahmad s'est également attaqué à l'aspect financier de la gestion des affaires de la CAF. Il s'est attaqué au contrat d'un milliard de dollars passé entre Issa Hayatou et la société Lagardère pour la commercialisation des droits marketing et médias du football africain. A la faveur d'une déclaration faite lors de la réunion du Conseil des associations de football en Afrique australe (Cosafa), tenue en Afrique du Sud, l'homme avait estimé que ce contrat posait problème. Ahmad Ahmad qui dit s'inspirer de son programme de développement a annoncé qu'il y aurait des changements au niveau de la gestion administrative et financière car, décrie-t-il, «la CAF n'est plus aux standards. Elle manque de transparence, sa gouvernance est mauvaise car il y a des interférences dans le processus de décision. Tout ça va s'arrêter très vite. Vous jugerez la différence». Déterminé à servir la CAF sans salaire, le nouveau président a expliqué sa décision : «J'ai refusé un salaire de la CAF pour la simple raison qu'il n'est pas en adéquation avec la bonne administration», a révélé le nouvel homme fort à nos confrères de la BBC. «Les salaires de tous les employés de l'organisation, des administrateurs au comité exécutif et au président, doivent tous être transparents». Voila le profil de cet homme nouveau et ses premières actions entreprises pour relancer la Confédération. S'il tient ses promesses, le football africain peut s'attendre à une relance spectaculaire. La CAF attendait depuis bien longtemps cette renaissance.