Ce match au sommet ne manquera pas d'intérêt pour Kanzari et Okbi, et pour toute la sélection. Nous sommes déjà qualifiés à la CAN 2019 avec l'Egypte. Pour une formule de compétition qui a changé et qui qualifie deux sélections par groupe, ce n'est pas franchement un exploit inoubliable. La preuve: Benzarti, qui a gagné trois matches, a dû plier bagage et sortir par la petite porte après un bras de fer que ses joueurs ont nettement gagné. Aller au Cameroun en juin n'est pas un exploit pour l'équipe de Tunisie avec cette formule souple et le niveau «médiocre» du Niger et d'Eswatini, les deux autres équipes du groupe. D'ailleurs, la victoire face à l'Egypte en juin 2017 a pratiquement mis la sélection sur orbite. Pour l'anecdote, ces éliminatoires ont consommé jusque-là deux sélectionneurs : Maâloul (le match de l'Egypte) et Benzarti. Pas un match pour la forme C'est une simple formalité alors pour les deux sélections? Mathématiquement, c'est vrai pour deux sélections qui ont assuré leur qualification. Mais sportivement, ce genre de matches a un bon impact psychologique et pèse lourd en cas de victoire ou de défaite. Ce choc Egypte-Tunisie rappelle aussi des souvenirs de matches historiques entre les deux ténors du football africain. Du 4-1 qui nous a qualifiés en Argentine au 1-0 des éliminatoires de la Coupe du monde 98 en passant par les 4 buts de Mahjoubi à Choubir en 1991, ce duel ne passe jamais inaperçu. C'est un match qui intervient quelques jours après la victoire de l'EST en Ligue des champions devant Al Ahy. Un match polémique entre l'aller et le retour et des Egyptiens déjà avides de prendre leur revanche. Pour tout cela forcément, Egypte-Tunisie ne sera pas inodore ni incolore. L'équipe de Tunisie, qui retrouve tous les joueurs convoqués, a perdu les services de Bdiri, blessé. Avec l'arrivée des joueurs de l'EST et de l'ESS et des quelques expatriés attardés, Kanzari et Okbi disposent d'un effectif assez large en choix et en solutions. Ce sera dur de faire la comparaison entre maints joueurs qui se valent plus ou moins. L'enjeu pour le duo Kanzari-Okbi est aussi «costaud». Les deux entraîneurs savent bien que ce match contre l'Egypte est leur épreuve de vérité, d'autant que c'est le meilleur choix pour assurer la transition d'après-Benzarti. Le résultat, oui, mais la qualité du jeu et la solidité défensive, choses qu'on n'a pas vues avec Benzarti, sont demandées. Ce duo qui dirige la sélection a la confiance (pour le moment) de Wadii El Jary, et a l'implication des joueurs qui les respectent. Ce sont deux facteurs d'une grande importance pour une sélection qui a de bonnes solutions techniques de l'avis des observateurs, mais qui n'arrive pas à convaincre et à trouver l'équilibre «tactique». Kanzari et Okbi ont la chance de leur vie. Ils peuvent, en cas de victoire de grande qualité, prendre option pour diriger la sélection à la CAN. Vont-ils provoquer un grand changement par rapport à Benzarti ? On ne le pense pas. L'ossature est déjà connue et stabilisée à un ou deux éléments près. Peut-être que le retour de Ferjani Sassi est un message fort pour tout le monde. C'est un joueur précieux en tant que relayeur et son bras de fer avec Benzarti l'a éloigné de la sélection. Son retour vient à point nommé, lui qui connaît fort bien le football égyptien. De l'enjeu, ce choc Egypte-Tunisie n'en manque pas contrairement à ce qu'on peut croire. L'enjeu technique où l'on va aimer voir un jeu subtil et plein, et puis un enjeu directif pour Kanzari et Okbi, et aussi un enjeu extra sportif avec un duel qui a toujours une incidence «politique».