Reporters, cameramen, photographes sont au rendez-vous. Pas moins de 500 journalistes, venus des quatre coins du monde, ont les yeux rivés sur Tunis, devenue capitale des médias, où les 1ères assises internationales du journalisme se déroulent, depuis hier, à la Cité de la culture. La tenue d'un tel évènement de portée professionnelle est à l'initiative de « Journalisme et citoyenneté », dont le président, M. Jérôme Bouvier, dans son intervention, puisait dans la question fédératrice choisie pour cette première édition, à savoir « un journalisme utile aux citoyens ? ». En grande pompe, l'ouverture officielle a eu lieu à la salle Omar- Khelifi, où le chef du gouvernement Youssef Chahed a insisté, dans son allocution, sur la nécessité de favoriser les moyens de promotion de la profession. Condition sine qua non pour une information fiable, crédible et utile aux citoyens. D'autant plus que la liberté d'expression, ajoute-t-il, est un acquis constitutionnel et fondamental auquel on ne peut plus renoncer et qu'il faut renforcer davantage. Abordant la sécurité des journalistes et les attaques perpétrées à leur encontre, le sort inconnu de nos collègues Sofien et Nadhir, enlevés en Libye il y a quatre ans, lui vient à l'esprit. Au même titre, journalisme d'investigation, protection des journalistes et de leurs sources et bien d'autres problématiques ont également attiré son attention. « De par notre participation à ces assises, premières dans le monde arabe et africain, on voudrait dire que le pouvoir est aux côtés de la profession sans y intervenir, ni toucher à son indépendance », déclare-t-il devant un aréopage de professionnels et hommes de médias. Pour lui, c'est aussi un message fort significatif montrant que la Tunisie est un pays libre, le meilleur endroit où se discutent les causes de la presse. Soit, dit-il en substance, le berceau de la révolution libératrice d'idées et de paroles dans le monde arabe. « La Tunisie continue sur cette voie. Nous allons vers l'amélioration des conditions des journalistes et la création d'un meilleur environnement pour la liberté de la presse», promet-il, soulignant qu'un grand pas a été franchi, mais beaucoup reste à faire. En conclusion, il a tenu à rappeler qu'il y a contact continu avec le Snjt et les différentes structures professionnelles, afin de parachever les projets de loi organisant la profession. Avant de finir, le chef du gouvernement a donné rendez-vous aux participants au forum des médias, prévu en juin prochain à Tunis. Problématiques et débats Tout de suite, le débat a repris sur moult problématiques du secteur. Ces assises sont-elles utiles aux journalistes et aux citoyens ? Un panel riche de questionnements et d'interrogations sur le présent et l'avenir de la profession a été dirigé par nombre de journaliste tunisiens et étrangers. Droit à l'information, le devoir du journaliste à l'égard de son public, la ligne éditoriale comme charte de conduite à laquelle on doit obéir, sont autant de points évoqués par les panelistes et participants. Mme Hamida El Bour, directrice de l'Ipsi, Zied Dabbar du Snjt, le directeur de France 24, et une représentante de la télévision publique tunisienne ont eu à répondre aux questions de la salle. M. Taoufik Mjaied, journaliste à France 24 a joué le rôle de modérateur. De l'autre côté, la discussion a porté sur la formation au journalisme. Le débat était animé par le Pamt, un programme d'appui aux médias en Tunisie, élisant domicile au Capjc et financé par l'Union européenne, aux alentours de 30 millions de dinars. Le thème de la session : «Quelle formation pour le journalisme demain ? Après plus d'un an, le Pamt semble n'avoir pas lésiné sur les moyens pour tirer le secteur de sa précarisation. Dons d'équipements, formations et renforcement des compétences professionnelles, tout est y réservé pour changer la donne. Hier, devant une assistance majoritairement estudiantine, le journaliste Michel Leroy, également consultant dans l'enquête et les questions sociales, a présenté sa « recherche-étude sur la formation au journalisme en Tunisie », réalisée dans quatre régions du pays (Sfax, Sousse, Kairouan et Monastir). Elle a été faite sur la formation initiale dans le domaine particulièrement fournie par l'Ipsi et a un triple objectif : « Partir du terrain, sans a priori et en tirer des leçons ». A la soirée d'ouverture et celles des deux jours qui suivent, la salle du 4e-Art vibrera au rythme des médias : vernissage, peinture, exposition-photo et autres activités seront également au menu. Se poursuivront, aujourd'hui, sur la même cadence, les travaux de ces 1ères assises du journalisme.