Mansour Bjaoui est un nom évocateur d'un certain CSHL: son talent, son influence sur les résultats de son équipe, ont été évidents, cet ailier gauche s'est révélé assez tard en dépit de son rayonnement footballistique imposant et ses ambitions conformes aux exigences de la performance. Mansour Bjaoui — en dépit de son caractère impulsif — c'est le drible, la technique dépouillée, la force de pénétration, le sens du but mais également la rage de vaincre. Il symbolise un certain paradoxe: il dégage la puissance malgré une apparence d'une impulsivité flagrante qui lui a joué de mauvais tours pendant sa carrière. «J'ai vu le jour à El Mellassine. Je suis cotiste. A 12 ans, le légendaire Ali Tlili, dit Abaya m'a invité à venir m'entraîner au Club Olympique des Transports (COT) en 1969. Après une semaine, feu Baba Hmid Dhib nous a regroupés et il nous a dit que pour signer avec le COT, il fallait faire dix jonglages. Ce jour-là, j'ai réalisé un record de jonglages Pendant cette période, le COT a eu quatre équipes écoles, et ce, en raison du nombre impressionnant de jeunes joueurs. Avec l'entraîneur Mokhtar Bagha, j'étais intégré avec les minines. Mais face au ST, j'étais sûr d'être titulaire, surtout que j'ai démontré mes qualités de buteur et de la technicité. Comme fut ma déception lorsque le DTN Ali Chabbouh est intervenu pour que je sois remplaçant. Certes, j'ai joué en seconde période, mais j'étais dégoûté et démoralisé, surtout que j'étais âgé de 13 ans. J'ai montré ma colère envers Chabbouh en pleurant. Ce fut pour moi une injustice. Avec les cadets, j'ai senti toujours cette haine de Chabbouh. En effet, au cours d'un match, il m'a giflé sans mobile apparent. Ainsi j'ai décidé de quitter mon club d'origine le COT et le football à 16 ans. Mais je le pratiquais au lycée technique de Tunis à l'occasion des sports scolaires. En 1972, nous avions une bonne équipe scolaire qui s'est qualifiée à la finale face au Lycée de Carthage. Nous avons gagné par 3-1. En quittant le terrain, l'entraîneur Abid Mchala du Stade Soussien m'a fait signer au club de la Jeunesse Sportive d'El Omrane. J'étais sur un nuage. Il ne faut pas oublier que ce club a engendré Moussa et Ghomidhi. J'y ai joué trois ans et tout le monde a découvert Mansour Bjaoui. Le mérite revient aussi à l'entraîneur Ahmed Alaya qui m'a toujours conseillé», a souligné le mal-aimé du COT et du CSHL Mansour Bjaoui. Encouragé par ses exploits avec le club d'El Omrane, Mansour Bjaoui a profité de la période estivale pour renforcer des équipes de quartier au Kram. C'était un tournoi qui est suivi par les mordus de football. Le hasard a voulu qu'il y ait eu des dirigeants hammamlifois. «J'ai eu la chance d'avoir des dirigeants dévoués qui m'ont proposé de renforcer le CSHL. J'étais emballé par cette proposition. La JSO a reçu mille dinars et quelques ballons pour mon transfert, ce jour-là, Vladimir, l'entraîneur du CSHL, a été un spectateur attentif lors de ce tournoi. En 1979, j'étais hammamlifois. J'ai joué mon premier match face à l'ASM, à La Marsa. Ce jour-là, Chammam a raté un penalty et nous avons gagné par 3-1. Certes, je n'ai pas marqué, mais j'ai démontré rapidement ma supériorité, ma technicité et mes vertus d'attaquant», a ajouté Mansour Bjaoui qui a eu en dix ans avec le CSHL plusieurs satisfactions et plusieurs déceptions. Mon meilleur souvenir : la coupe en 1985 Avec le CSHL, j'ai remporté la Coupe de Tunisie en battant le CA en 1985. Nous avions aussi gagné la supercoupe face à l'Espérance Sportive de Tunis. Sans oublier, notre extraordinaire aventure en coupe d'Afrique qui a été stoppée injustement face à Diarra. J'ai marqué le but hammamlifois au retour, mais c'était peu pour assurer la qualification en finale. C'était la saison des pluies, et les dirigeants hammamlifois n'ont pas voulu nous acheter des souliers pour faire face à la pelouse glissante. Il ne faut pas oublier que ai été élu meilleur ailier gauche en 1986 malgré la présence de Azzabi et Abdelli», a encore ajouté l'enfant terrible du CSHL. De sa carrière, Mansour Bjaoui éprouve un sentiment d'injustice de la part de Youssef Zouaoui, aux dirigeants hammamlifois et de quelques joueurs banlieusards qui ont toujours été indifférents à ses qualités de buteur et à ses exploits. Certes, il y a un certain lobby au CSHL. Je suis un gagneur et quelquefois impulsif. Mon comportement m'a joué de mauvais tours sur le terrain. Plusieurs personnes dans le monde du football ont exploité mon comportement pour me bloquer dans ma carrière. Le seul entraîneur qui m'ait bien encadré était incontestablement Dietcha. Certes, il y a des coaches qui m'ont aidé, tels que Bouabsa, Amor Dhib et Nagy. Ce dernier était un grand technicien mais raciste. Il ne cessait de me critiquer, ce qui me rendait nerveux. A titre d'exemple, et au cours d'un match face à l'ESS, j'ai mené une attaque, mais l'arbitre a sifflé en affirmant que la balle est sortie en touche. Je me suis énervé. A la mi-temps, Nagy nous a critiqués usant de propos vulgaires, alors j'ai réagi et j'ai refusé de jouer en seconde mi-temps. Il a fallu l'intervention des dirigeants hammamlifois pour que je reprenne la seconde période. Mais après une dizaine de minutes, Nagy m'a fait sortir, ce qui m'a totalement énervé et j'ai perdu la tête. Il a fallu l'intervention de Chatali pour que le pire soit évité. De ce fait, après dix ans avec le CSHL, j'ai décidé de quitter le club pour aller à l'Olympique de Béja. J'étais bien accueilli et j'ai bien honoré mon contrat. En 1988, le CSHL était relégué et on a fait appel à moi pour que j'aide l'équipe hammamlifoise à remonter en Ligue 1. Ce fut ainsi. Mais le 22 janvier 1990, j'ai fait un accident mortel, le jour de la naissance de ma fille. Dieu merci, j'en suis vivant bien que j'aie percuté avec moto une voiture, mais ma cheville a été touchée et j'étais incapable de reprendre à jouer», a encore dit Mansour Bjaoui. Malgré ses buts avec le CSHL et ses qualités comme meilleur ailier gauche des années 90, Mansour Bjaoui n'a jamais été appelé en équipe de Tunisie. «Après mon accident, j'ai fait une petite expérience à la JSO en 1992 et à Borj Cédria en 1994. En 2001, j'ai repris les jeunes du CSHL et les seniors de Borj Cédria. En parallèle, j'ai eu mon 3e degré et CAFA, ce qui est exceptionnel», a ajouté Mansour Bjaoui. Il est le seul attaquant qui a marqué aux trois gardiens clubistes, à savoir Ben Othmane, Naïli et Fessi. Mais il n'a jamais marqué de but contre l'EST. Aujourd'hui, Mansour Bjaoui vit avec sa famille composée de 3 garçons et une fille. Sa passion pour le football et son amour pour la JSO, CSHL, OB et Borj Cédria doivent l'ancrer et l'inciter à s'investir à fond avec l'espoir d'obtenir d'autres satisfactions professionnelles.