Le robuste Noureddine Bousnina est incontestablement l'un des meilleurs défenseurs que le football tunisien ait connus. Il a fait le bonheur du CSHL, de l'équipe nationale et surtout de l'Espérance Sportive de Tunis, notamment dans les années 80 et 90. Nous l'avons rencontré pour nous parler de ses belles années avec le CSHL et l'EST et de ses déceptions au cours de sa carrière bien remplie. «J'ai signé ma première licence avec le CSHL en 1970, et ce, grâce à l'entraîneur Abdelmajid Azaiez, le père de Walid, ex-joueur du CSHL et de l'EST. Il m'a remarqué dans les quartiers, je me suis vite imposé comme défenseur en raison de ma taille et aussi en raison de mes buts, réalisés de la tête. On m'appelait «tête d'or» à cette époque. En 1971, notre entraîneur des juniors, Abderrezak Aloui, a fait du bon travail dans cette catégorie, surtout qu'il y avait un groupe bien soudé et assez compétitif composé de Jalel Zouaoui, Hafedh Deb, Karim Kasri, Maher Azzabi, Nabil Tasco et moi-même. Tout ce beau monde a rebondi avec les seniors, entraînés par Amor Dhib. Mon premier match fut perdu par le CSHL face au S.G à Gabès. Mais en dépit de la défaite, j'ai gagné ma place de titulaire. Au cours de mon expérience avec mon club d'origine, j'ai eu une énorme joie en remportant la coupe de Tunisie face au CA en 1985 et une déception, lorsque le CSHL a connu la relégation en 1987 avec le regretté Andre Nagy, l'un des plus grands entraîneurs que j'ai connus. C'était un grand monsieur. Il a été au CSHL en avance sur son temps. Lorsque je vois les tactiques de Guardiola, de Conte ou de Zidane en 2017, je vous confirme que je les ai connues sous l'ère de Nagy en 1987. Il y a aussi un entraîneur qui a fait du bon travail avec nous. Il s'agit de Dietcha, qui nous a fait gagner la coupe de Tunisie. Mais le sort m'a souri dans ma carrière et surtout que je jouais avec le CSHL en seconde division, j'étais convoqué en équipe de Tunisie pour les Jeux olympiques de Séoul. J'ai même été rappelé pour les éliminatoires de la Coupe du monde face au Cameroun, je tire mon chapeau à Taoufik Ben Othman et au Polonais Pichensek, j'étais vraiment gâté et en même temps, j'ai honoré mon contrat». Bien évidemment, les souvenirs évoqués par Noureddine Bousnina et par tous les footballeurs de son époque, la belle et riche épreuve, restent gravés dans les mémoires de tout le monde. A ce sujet, l'ex-défenseur sang et or nous a souligné que «après dix ans de carrière avec le CSHL, j'ai demandé une aide de 5.000 dinars, mais Naceur Boufarès étant le président du club banlieusard, m'a encouragé à quitter le CSHL. Et vite, trois clubs ont voulu m'engager : il s'agit de l'ESS, du CA et de l'EST. J'ai opté pour l'EST à mon grand bonheur. J'ai tout gagné : la Ligue des champions, les titres nationaux, la Coupe de Tunisie, la Coupe arabe, la supercoupe et la coupe afro-asiatique. Tous ces titres ont été glanés pendant cinq ans. J'ai eu comme entraîneurs, Faouzi Benzarti, Podoverny et Manfredi. Mais le meilleur reste Faouzi Benzarti, c'est un grand entraîneur qui a un très bon cœur. En dépit de ses hurlements et de sa dureté, Benzarti reste toujours aux côtés de ses joueurs. J'ai joué avec Ben Yahia, et nous avons formé un duo remarquable et invulnérable. Certes, Ben Yahia a un caractère difficile, mais il aime l'EST, c'est dans le sang. Pendant cette période, j'ai eu deux amis, deux vrais amis et je n'oublierai jamais ce qu'ils ont fait pour moi. Il s'agit de Nabil Maâloul et Naceur Bédoui. Je vais vous faire une confidence, Nabil Maâloul fait le déplacement quotidiennement à Hammam-Lif pour me ramener aux entraînements. Maâloul et Bédoui sont deux grands messieurs. Il est bon de savoir que je n'ai jamais perdu contre le Club Africain». Touati et Rakbaoui : les plus dangereux Il a aussi évoqué la présence des attaquants dans le championnat national. Il nous a affirmé que «Sami Touati, en raison de sa petite taille, et Rakbaoui, en raison de sa puissance, ont été les plus dangereux attaquants et qui m'ont énormément gêné, mais je réussis à les maîtriser. J'ai réussi à prendre ma revanche sur l'entraîneur algérien Fergani, lorsqu'il a affirmé que l'ESt était une bonne équipe mais son point faible était Noureddine Bousnina, ce jour-là en demi-finale contre son équipe en Ligue des champions, j'ai réussi à marquer et à être le meilleur joueur sur le terrain à El Menzah et à Alger. Mais l'arrivée de l'Italien Manfredi a été un coup fatal pour moi, parce qu'il m'a fait faire banquette et je n'ai pas apprécié. J'ai décidé de quitter le club de Bab Souika en 1995-1996 avec des regrets, surtout que j'ai connu une époque très resplandissante et des joueurs dont je garde un très bon souvenir». Après avoir quitté l'EST, Noureddine Bousnina a été vite engagé par l'US Monastir qui était en mauvaise posture. Il a évolué avec Lotfi Rouissi et Jawher M'nari, ce trio a réussi à sauver le club de la relégation.«En effet, après cinq ans bien remplis avec l'EST, j'ai décidé de changer d'air en optant pour l'USMonastir, ce fut une saison exceptionnelle, et j'ai décidé de finir ma carrière sportive en beauté en 1996». "J'ai été limogé parce que je n'ai pas perdu" Après avoir arrêté de jouer, Bousnina a pris les destinées des jeunes au CSHL comme entraîneur. Il a vite brûlé les étapes et en 2014, après avoir été l'adjoint de Férid Ben Belgacem, il est devenu le premier entraîneur, ce fut un bilan positif avec 6 victoires, un nul (CA) et trois défaites face à l'EST, l'ESS (Sousse) et le CSS (à Sfax). Mais ses dirigeants ont vu autrement. Il a été tout simplement viré. Il donne des explications sur cette petite expérience au CSHL : «J'ai fait un bilan positif avec l'équipe hammamlifoise en réussissant six victoires consécutives et un nul et trois défaites. Les dirigeants m'ont viré sans mobile apparent. L'ingratitude des dirigeants hammamlifois était évidente. Je vous souligne que Férid Ben Belgacem était payé à 15 mille dinars par mois et lorsque j'ai pris les seniors, j'étais payé à 3 mille dinars. Et je n'ai eu qu'une seule paye en subissant trois mois de travail. En 2015, j'étais engagé par le club de Soliman avant de me déplacer en Libye». Evoquant le relégation du SCHL en Ligue 2, Noureddine Bousnina a affirmé : «C'est la faute de l'entraîneur des dirigeants comme Fadhel Ben Hamza et les joueurs qui étaient des mercenaires et non des professionnels. Cette saison sera très difficile vu l'incompétence des dirigeants banlieusards. Trop de points perdus à Hammam-Lif et trop de promesses non fondées». Enfin, il a conclu en parlant de la qualification de l'équipe de Tunisie au Mondial en 2018 à Moscou : «Ce sera une bouffée d'oxygène pour notre football. Nabil Maâloul a réussi à assurer l'essentiel : la qualification bien que ce fût dans une poule pas assez difficile. Maintenant, le onze national devra travailler et se préparer convenablement pour faire honneur à la Tunisie. Les expatriés? Ceux qui sont compétitifs et supérieurs à nos nationaux, c'est O.-K., mais si ces joueurs sont moyens, alors il vaut mieux compter sur nos nationaux. Mais je pense que Maâloul a assez de qualités pour opter pour une stratégie gagnante et cohérente».