Freinée et accrochée par l'ESS après sa belle série rose, l'Espérance remettra à plus tard la reconquête du leadership de la Ligue 1. Dans une journée marquée par le mutisme des lignes d'attaque (seulement 3 buts), on a l'impression que les calculs et les stratégies pour le bon positionnement au classement général battent déjà leur plein alors qu'on n'est qu'à la neuvième journée du championnat. Cet esprit de prudence tactique exagérée n'a pas épargné le classico qui a eu lieu avant-hier à Radès entre l'Espérance Sportive de Tunis et l'Etoile Sportive du Sahel qui s'est terminé sur un score vierge (0-0), porteur de plus d'un enseignement. Pourtant, tout laissait croire que le duel des deux protagonistes allait connaître une grande réussite sur le plan offensif des deux côtés. A commencer par l'Espérance qui passe par une période faste avec ses quatre victoires de suite en championnat national, ajoutées à ses succès successifs enregistrés dans les tours avancés de la Ligue des champions qu'elle vient de remporter haut la main. Tout cela augurait d'une continuation sur la lancée offensive même si l'interlocuteur était l'ESS. De son côté, l'Etoile, qui est connue pour son esprit conquérant, ne joue que pour la gagne. Encore plus, quand elle donne la réplique à son rival de toujours qu'est l'Espérance. Seulement avant-hier, on a eu l'impression qu'il y avait trop de calculs et que chacun cherchait plutôt à éviter la défaite. C'est d'ailleurs ce qui explique le fait que tout au long de la première mi-temps, les «Sang et Or» qui évoluaient pourtant devant leur public ne se sont pratiquement créé aucune occasion de but. Ils laissèrent plutôt l'initiative aux visiteurs qui ont bien su concilier la prudence en défense et le jeu de contre qui a failli être payant au moins trois fois en première période, notamment sur les audacieuses tentatives de leur capitaine, le vieux briscard Yassine Chikhaoui. Badri et Chikhaoui, au-dessus du lot Dans ce contexte, les Etoilés, bien commandés par leur coach Taoufik Zaâboub qui a suppléé le Belge George Leekens, ont appliqué, avec brio, un très efficace 3-5-2 qui leur a permis d'avoir une défense hermétique tout en étant incisifs sur les contres. Yassine Chikhaoui, Chaka Bienvenu et Wajdi Kechrida, qui étaient les plus en vue du côté étoilé, ont donné du fil à retordre à une Espérance mal en point en première mi-temps. On croyait même que l'Espérance allait encaisser au moins un but avant la fin de la première période tellement sa défense axiale était flottante. Cette faiblesse récurrente ajoutée à l'absence de percussion en attaque et l'utilisation répétitive des passes longues infructueuses ont énormément facilité la tâche des Etoilés qui dominèrent la première période. Mais on se posait quand même la question si les Sahéliens allaient pouvoir continuer sur le même rythme en deuxième période après leur probante première mi-temps? On n'a pas mis beaucoup de temps pour avoir la réponse puisque, dès la reprise, les «Sang et Or» ont vite repris les choses en main en imposant à leurs hôtes un rythme plus soutenu et une possession de balle plus éloquente. Et si, en première mi-temps, Yassine Chikhaoui était le joueur le plus en vue, en deuxième mi-temps, Anice Badri, qui était quelque peu effacé en début de match, allait lui ravir la vedette en répondant présent à toutes les tentatives offensives de son équipe. Badri, qui a dû manger du lion pendant le repos, a failli scorer au moins deux fois en deuxième mi-temps (53' et 90'+4‘), mais le keeper étoilé Makram Bdiri en décida autrement à chaque fois. Un autre joueur a été remarqué également grâce à son abattage et à son soutien constant à l'attaque. Il s'agit du latéral droit de l'ESS Wajdi Kechrida, qui a fait des misères à Houcine Rabii en l'absence fortement ressentie de Aymen Ben Mohamed encore au repos après sa blessure contre le Maroc. Dans ce match, ni l'EST ni l'ESS ne sont parvenues à profiter du deuxième faux pas du leader CSS (nul contre le CSHL à Sfax). Le rendement des deux membres du peloton de tête de la Ligue 1 a été affecté, fort probablement, par leur peur de perdre. Chose qui a empêché leurs lignes d'attaque de s'exprimer avec aisance en se souciant peu du jeu de couverture. Souvent, quand l'aspect tactique prime, les buts font défaut. De toutes les manières, le chemin de la compétition est encore long et il est très tôt de priver les spectateurs de ramener des buts. Pour l'Espérance qui aura à jouer un autre match de championnat ce dimanche contre la JSK à Kairouan, il faudra se racheter et renouer avec la victoire avant de partir aux Emirats Arabes Unis qui abriteront la Coupe du monde des clubs du 12 au 22 décembre.