Pour le SG de l'Ugtt, la responsabilité pour améliorer le climat du travail doit être partagée et il est impératif de s'interroger sur les responsabilités de chaque partie intervenante. «Est-ce que les chefs d'entreprise s'orientent vers les régions intérieures? Est-ce qu'il existe une justice fiscale ? On parle de productivité; mais elle n'est pas seulement la responsabilité de l'employé. Elle est aussi la responsabilité des autorités pour proposer de bons services; et des chefs d'entreprise pour offrir un bon climat de travail, de cultiver le sentiment d'appartenance et de garantir la sécurité au travail» La réforme du Code du travail est une question qui tient beaucoup à cœur des entreprises tunisiennes. Une réforme qui trouve toute son actualité avec le chamboulement des relations de travail, l'apparition de nouveaux métiers et la transformation du concept de travail lui-même. En Tunisie et au bout de huit ans de mutations politiques et sociales, cette question est au coeur du dialogue social et prend tout son sens avec les difficultés économiques que connaît notre pays. Sera-t-elle une réforme de rupture pour améliorer la productivité et mettre à niveau les facteurs du travail? Une interrogation qui a été soulevée hier dans le cadre de la deuxième journée de la 33e édition des Journées de l'Entreprise, avec la présence de Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt). La question de la flexibilité du contrat du travail a été évoquée par Leïla Belkhiria Jabeur, présidente de la Chambre nationale des femmes chefs d'entreprise à l'Union tunisienne du commerce, de l'industrie et de l'artisanat (Utica), indiquant que l'adaptation au marché est devenue un impératif pour l'amélioration de la productivité de l'entreprise. Elle a ajouté que les fluctuations que connaît le marché du travail et la mondialisation en progression exige une réponse adaptée et aussi d'assainir les relations de travail. «L'employeur se sent diabolisé. L'employé se sent exploité. La flexibilité doit être repensée dans la perspective d'une relation gagnant-gagnant. Nous devons avoir une réflexion et trouver un modèle tunisien. Le Conseil du dialogue social est une bonne initiative pour trouver les consensus nécessaires», a-t-elle affirmé. Pour le SG de l'Ugtt, la responsabilité pour améliorer le climat de travail doit être partagée et il est impératif de s'interroger sur la question des responsabilités de chaque partie intervenante. «Est-ce que les chefs d'entreprise s'orientent vers les régions intérieures? Est-ce qu'il existe une justice fiscale ? On parle de productivité; mais elle n'est pas seulement la responsabilité de l'employé. Elle est aussi la responsabilité des autorités pour proposer de bons services ; et des chefs d'entreprise pour offrir un bon climat de travail, de cultiver le sentiment d'appartenance et de garantir la sécurité au travail», a-t-il lancé. Démarche de longue haleine M. Taboubi a souligné que le Conseil national du dialogue social va permettre de discuter entre partenaires sur l'intérêt de l'entreprise et des travailleurs, indiquant que l'Ugtt a renouvelé son statut pour être en adéquation avec les avancées dans le monde. Il a insisté sur le concept du travail décent, en termes de salaires, sécurité sociale, évoquant la problématique des fausses déclarations sociales et son impact sur la vie des travailleurs. En revanche, M. Taboubi a affirmé que l'investissement nécessite d'avoir un climat favorable. «Quand on augmente la pression sur l'entreprise, il y aura un impact sur le coût social et sur les prix. Il faut une démarche à moyen et long terme», a-t-il insisté. En ce qui concerne les entreprises publiques, le secrétaire général de l'Ugtt a indiqué qu'il est important de mettre au point des contrats-objectifs et de recruter les compétences nécessaires pour obtenir des résultats concrets. Il a donné l'exemple de la Stam, qui a connu une restructuration sociale avant 2010 mais qui a aussi connu un recrutement de 620 employés depuis 2011. Esprit de confiance De son côté, Amine Ben Ayed, chef d'entreprise, estime qu'il faut coopérer entre partenaires sociaux dans une perspective d'alignement de l'intérêt de chacun. «Il est important d'instaurer un climat de confiance entre entreprise et travailleurs pour pouvoir avancer ensemble et améliorer la productivité. Il est temps de rompre avec cette mentalité de confrontation et de songer à l'intérêt de l'entreprise qui est en même temps celui du travailleur. Pour Khalil Gheriani, de l'Utica, intervenant lors du débat, il est indispensable de sécuriser le parcours de l'emploi par la formation, le développement des compétences et une réinsertion rapide sur le marché du travail. Il a souligné qu'il est important de rompre avec le monopole du marché du travail dans le secteur public et l'ouvrir au secteur privé. «Les agences privées de placement auront un rôle certain parce qu'elles sont plus proches des besoins des entreprises dans les régions. Il faut aussi prendre en considération trois éléments : une législation sociale encourageante à l'emploi, une formation continue qui renforce la compétitivité, la gestion de la carrière de l'employé et une politique active du marché du travail», a-t-il rétorqué. Pour ce qui est de la productivité, M. Ghariani a signalé que le problème est différé, se focalisant sur la productivité du travail alors qu'il faut insister sur la productivité au niveau des facteurs, estimant que l'environnement des affaires reste défaillant. Cela induit la baisse du pouvoir d'achat, le recul du logement social, du transport et de la santé.