«Daech (acronyme arabe de l'EI, ndlr) conserve des positions territoriales dans l'est du pays. Leur reprise par les Forces démocratiques syriennes (FDS) avec le soutien de la coalition est l'absolue priorité», a déclaré Jean-Yves Le Drian à Biarritz (sud-ouest) où il présentait les priorités de la présidence française du G7 en 2019. Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est dit avant-hier déterminé à «se débarrasser» des milices kurdes — membres de la coalition kurdo-arabe des FDS qui combat l'EI dans l'est du pays — si leur parrain américain ne les contraignait pas à s'en retirer. La coalition internationale sous direction américaine appuie la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) contre les jihadistes de l'EI, mais Ankara considère cette force comme une organisation «terroriste» liée au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui livre une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984. «Il faut stabiliser les zones libérées de l'organisation terroriste notamment par les forces kurdes et arabes que nous avons soutenues et qui ont consenti dans ce combat un sacrifice éminent», a insisté Jean-Yves Le Drian. La Turquie a déjà mené depuis 2016 deux offensives dans le nord de la Syrie contre les YPG et les jihadistes de l'EI. Le ministre français des Affaires étrangères a répété par ailleurs qu'il n'y aurait «pas de victoire durable contre Daech, pas de retour sûr et volontaire des réfugiés et déplacés sans qu'il y ait une solution politique acceptable par tous les Syriens». Cette solution passe par des «élections à laquelle puissent participer tous les Syriens» — y compris les réfugiés — et «un environnement neutre pour éviter que le scénario ne soit écrit d'avance», a-t-il insisté. «Il n'est pas réaliste d'envisager le maintien au pouvoir de Bachar Al-Assad dans une Syrie réconciliée», a souligné la porte-parole du ministère alors que certaines déclarations américaines font débat. Le représentant spécial de la diplomatie américaine pour la Syrie, James Jeffrey, a déclaré avant-hier que la politique des Etats-Unis en Syrie ne visait pas à se «débarrasser» du président Bachar Al-Assad mais qu'ils ne financeraient pas non plus la reconstruction dans ce pays tant que le régime ne changerait pas «fondamentalement».