"Si l'ARP ne parvient pas à élire les trois membres et un président pour l'Isie d'ici la fin du mois de janvier, c'est tout le processus électoral qui sera compromis", estiment les organisations de la société civile Voilà un peu plus d'une année (depuis le 23 novembre 2017) que l'Instance indépendante pour les élections (Isie) a notifié à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) la vacance de trois postes au bureau de l'instance suite au tirage au sort de renouvellement des membres prévu par la loi. Depuis, plus rien. Embourbée dans les méandres de la politique politicienne et de la guerre des groupes parlementaires, l'ARP n'est pas parvenue à renouveler le tiers des membres de l'Isie et à élire un président (le président actuel de l'Isie étant démissionnaire). Pendant ce temps là, le président sur le départ et les membres tirés au sort continuent à jouir de leur statut et autres avantages. Les autres continuent à se livrer une guerre intestine qui a transformé l'Isie d'une instance prestigieuse, crainte et respectée en une administration en lambeau. Tout cela alors que les élections présidentielle et législatives d'octobre 2019 pointent le bout du nez. Le 21 décembre dernier, le bureau de l'ARP a décidé d'annuler une séance plénière qui devait être dédiée à l'élection des trois nouveaux membres de l'Isie. C'en est trop pour huit organisations de la société civile, spécialisées dans le suivi du processus électoral. Hier, elles ont tiré la sonnette d'alarme. Elles estiment que "le report répété constitue un obstruction programmée de l'Instance dont les activités sont suspendues depuis des mois et qui souffre d'une multiplication de ses problèmes". Selon elles, si l'ARP ne parvient pas à élire les trois membres et un président pour l'Isie d'ici la fin du mois de janvier, c'est tout le processus électoral qui sera compromis. "Passé janvier, les voyants rouges vont s'allumer", prévient Moez Attia, président de Kolna Tounes. Dans un communiqué officiel, Al Bawsala, Atide, la coalition Ofiya, Jeunesse sans frontière, Kolna Tounes, la Ligue des électrices tunisiennes, Mourakiboun et l'Observatoire Chahed demandent à l'ARP de faire de la question de l'Isie une priorité en fixant au plus vite "une plénière élective". Elles demandent également aux députés de faire preuve d'une plus grande assiduité et à la responsabilité "loin des intrigues politiques et ne tenant compte que du seul intérêt national". Pour rappel, une séance élective avait été annulée en juillet 2018, à la veille des vacances parlementaires, faute de quorum suffisant. En outre, les organisations signataires du communiqué insistent sur la nécessité de respecter l'article 6 de la loi organique relative à l'Isie. "Il n'y a pas d'interprétation possible, explique Leila Chraibi (Atide). L'élection des trois membres doit se faire avant l'élection d'un président". Certains blocs parlementaires défendent l'idée d'une élection préalable d'un président avant l'élection des nouveaux membres. Une telle démarche exclurait de fait les nouveaux membres de la course à la présidence. "Les membres actuels ne détiennent pas la patente de l'Instance, la présidence ne revient pas de droit à l'un d'entre eux", lance Zoubeir Dali (Mourakiboun). Moez Attia, président de l'association Kolna Tounès, s'est même étonné de voir des blocs parlementaires s'obstiner à vouloir élire d'abord un président. Par ailleurs, ces organisations de la société civile mettent en garde contre la velléité de certains de repousser la date des prochaines élections. "Un report ferait entrer la Tunisie au club des pays qui ne respectent pas leurs constitutions", martèle Zoubeir Dali.