Alors qu'une séance plénière à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) allait se tenir afin de décider du sort du président de l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie), Mohamed Tlili Mansri, ce dernier annonce sa démission le jeudi 5 juillet. Cette décision n'a pas tardé à provoquer un tollé. Depuis, tous les regards sont tournés vers l'instance et toutes les questions gravitent autour de la validité de la démission et de l'avenir du président démissionnaire Dans une déclaration à La Presse, M. Mansri a indiqué que sa décision vient suite à un consensus avec les autres membres de l'Isie. «Nous, les membres de l'instance et moi-même, avons trouvé qu'il serait plus convenable que je démissionne et que je garde mon poste au sein du Conseil de l'Isie. En plus du grand travail auquel je dois contribuer dans l'instance. Je voulais donc qu'on ne perde pas beaucoup de temps et que le nouveau président soit rapidement élu». Or, la loi organique n°23 du 20 décembre 2012 sur l'Instance supérieure indépendante des élections stipule que «le président de l'Instance supérieure indépendante des élections ou l'un des membres du conseil sont démis de leurs fonctions en cas de faute grave dans l'accomplissement des obligations leur incombant en vertu de la présente loi». Et le rapport émis par les membres de l'Isie réclame justement le départ de M. Mansri pour «faute grave». Or le président a démissionné. Mansri a-t-il ainsi, et délibérément, anticipé les faits afin de ne pas être écarté de l'instance. Car la loi stipule que dans le cas où l'ARP déciderait de le démettre, il sera écarté du conseil et de la présidence. Eviter le «scénario Chafik Sarsar» Interrogé sur cette question, le vice-président de l'Isie, Adel Brinsi, a affirmé que cette décision a été prise d'un commun accord entre les membres et le président démissionnaire. «Nous avons convenu que le président démissionne et reste ainsi membre du conseil afin d'éviter tout le processus conséquent qui allait résulter du départ de Mansri. On voulait éviter que des polémiques soient créées et qu'on assiste au même scénario qu'avec Chafik Sarsar. Toutes les informations qu'on fait circuler autour de cette question ne sont que des allégations et des tentatives de dénigrement contre l'instance et ses membres. L'instance est un organe collégial, il faut donc que la solution émane de l'intérieur». M. Brinsi a, en outre, voulu rappeler le rôle imminent du président qui sera élu prochainement : «Il faut que chaque candidat à ce poste soit conscient du degré de tension qu'ils devra subir une fois qu'il sera élu président, et qu'il n'est pas le seul à prendre des décisions». Le membre a également assuré que les élections de 2019 se tiendront à la date prévue et que cette démission n'entravera pas leur tenue. Du côté de la société civile, on semble être plus sceptique face à cette démission, qui ne semble pas «innocente». Moëz Attia, président de l'association Kolna Tounès, a déclaré que «cette loi n'est justement valable que lorsque le président est démis suite à la séance plénière par les parlementaires. Mais sa démission annule tout». Une autre source de l'organisation Al Bawsala a déclaré à La Presse qu'il s'agit bien d'un compromis entre les membres et le président de l'Isie qui pourrait expliquer cette démission anticipée et imprévue. Surtout, suite aux rapports fuités sur les réseaux sociaux impliquant des membres de l'Isie et ayant créé un tollé général et aggravé l'hostilité envers cette instance. Ce compromis entre les membres et le président de l'Isie laisse, par ailleurs, perplexe devant la portée de l'indépendance de cette instance constitutionnelle.