L'artiste s'était fait rare ces derniers temps. Peintre poète, le tuniso-catalan qui a choisi l'Espagne pour second pays, n'en garde pas moins attachement et fidélité pour son public tunisien. Ridha Ben Arab revient à lui à intervalles réguliers, présenter un cheminement, affronter un regard, confronter des expériences, et peut-être inconsciemment, conforter ses choix. Son public, pas le grand public, mais celui de collectionneurs initiés, d'amateurs éclairés, d'esthètes avisés, le suivent, convaincus que Ridha Ben Arab est un des meilleurs artistes de sa génération. Né à Sfax en 1948, Ridha Ben Arab a fait ses études à l'Ecole des Beaux-Arts de Tunis d'où il est sorti en 1971 avec un diplôme… en céramique, un prix du président de la République, et une bourse de voyage autour de la Méditerranée. D'où une escale qui se transforme en choix de vie dans une Espagne qu'il est difficile de ne pas aimer, où la vie artistique particulièrement foisonnante ne pouvait que séduire un jeune peintre curieux de se frotter à d'autres mouvances. Peintre, sculpteur, céramiste, graveur, on dit de lui que c'est un poète des formes, un mystique de la couleur. «Chez cet artiste, tout est harmonie, élégance et simplicité. Qu'il occupe l'espace en deux ou trois dimensions, le sens de la composition est chez lui inné et se manifeste naturellement à travers ses peintures et ses sculptures», écrivait de lui Aïcha Filali Il inscrit ses compositions dans de grands cercles, carrés, courbes, arcs, ondulations, pointillés. Ses couleurs claquent, oranges incandescents, bleus lapis-lazuli, s'apaisent en noir et blanc, se fondent en terres brûlées. Sur ses toiles, il écrit d'étranges messages venus de la nuit des temps, hiéroglyphes, et calligrammes, rébus pharaoniques et calligraphies arabes, symboles puniques et signes amazighs. Quelquefois, le signe et la lettre s'effacent devant la puissance de la couleur, mais il en demeure toujours la mémoire. C'est celle-ci que Ridha Ben Arab nous invite à préserver. C'est peut- être pour cela qu'il est là.