Entre la calligraphie arabe, les rébus égyptiens et les structures japonisantes Afficher les palimpsestes comme référence et inspiration, c'est déjà donner le ton, s'inscrire dans une continuité, un héritage, une tradition d'érudition. C'est, implicitement, refuser que l'art soit rupture, et remise en question. Et c'est probablement ce qui fait la séduction, l'attrait de cette exposition de Ridha Ben Arab, superbe de modernité assumée, sans l'agressivité de vouloir faire du nouveau à tout prix. L'artiste part du parchemin, du manuscrit, du grimoire peut-être, de ces tablettes que des scribes anonymes calligraphiaient inlassablement dans l'ombre secrète des bibliothèques, des palais ou des mosquées. Sur ses toiles, il retrace les calligrammes, les hiéroglyphes, les signes et les symboles des écritures antiques, jouant entre la calligraphie arabe, les rébus égyptiens, les structures japonisantes, cherchant inlassablement la mémoire du savoir. A ces lettres antiques, à ces graphies, il donne la modernité des couleurs primaires. Oubliés ses camaïeux de bruns et d'ocres, ces couleurs de terres brûlées qu'en grand céramiste il privilégiait. Aujourd'hui, les couleurs claquent, vibrent, éclaboussent. Bleus Klein, rouges flamencos, jaunes solaires, quelquefois l'apaisement du noir et du blanc rappelle l'encre des scribes. Mais l'heure n'est pas à l'apaisement, elle est à l'éclat. Quelquefois, la couleur l'emporte sur la graphie, le dessin s'efface dans la monochromie, et il n'en reste que l'ombre et la mémoire dans l'épaisseur de la matière. Et c'est peut-être là son message : tout est en train de disparaître, prenons garde à en garder la mémoire.