Par Jalel Mestiri Le sport tunisien avait ses certitudes. Il avait tellement montré de belles choses qu'il donnait, dans le passé, l'impression de s'attribuer de l'espace et de la maîtrise. Il n'y en avait pas de plus significatif pour la crédibilité, pour la confiance, pour le mental. Pour la reconstruction. En un mot, tout ce qu'il faut pour préserver les vertus sportives. Mais ces dernières années, la tendance à politiser le sport a engendré une certaine spécificité dans les discours, dans les prises de position, mais aussi et surtout dans la manière avec laquelle le sport est géré. Les clubs souffrent, la plupart sont laissés à leur propre destin. D'autres arrivent à s'en sortir. Tant bien que mal. A quel prix ? Un mois de gestion coûte au président de l'Espérance, Hamdi Meddeb, la bagatelle de 900 mille dinars. Il est ainsi indispensable de tirer les enseignements de cette injustice sportive soulignée par le fait de considérer les présidents de club comme étant prédestinés aux sacrifices et seuls concernés par les dépenses. Dans un monde hyper-ingrat, il y a bien de ces présidents qui, non seulement se sacrifient pour leur club, mais qui ne méritent pas aussi le procès pour sorcellerie que beaucoup sont en train de leur intenter. Pourtant, il y a bien ceux qui ont réussi là où le contexte est plus que défavorable. Plus qu'ingérable. Pourtant, ce que nous offrent ces hommes sont des moments forts, voire éternels pour leurs clubs. Ce qui fonde leur popularité tient aussi à leur version passionnelle. Ils sont l'assurance de la vie et de la survie des clubs dont ils assument la responsabilité. On y ressent de l'adhésion, de l'affiliation, de la dépendance. Etant impliqués de manière bien particulière dans le quotidien, ils se sont transformés en véritable sauveurs. La crise économique de la plupart des clubs fait écho à une déformation qui tient son nom et sa raison d'être de l'absence de réactivité et de ressort des autorités concernées. Il est de plus en plus difficile, pour un club, de boucler une saison sans dégâts. Bien des choses devraient changer dans la compétition nationale, dans l'environnement sportif, dans les choix, dans les rôles. Cela devrait résulter des effets conjugués de modalités sportives et de stratégies bien pensées, mais aussi d'un passage obligé vers les exigences du haut niveau. Le sport n'est plus ce que l'on croyait. Même s'il restera toujours prêt à accepter certains dividendes, il est entré aujourd'hui dans un contexte de mondialisation. En attendant la grande restructuration tant souhaitée au niveau technique, mais surtout financier et matériel, l'on doit savoir que l'on doit s'ouvrir à de nouveaux modes de fonctionnement. Le constat s'est progressivement cristallisé: l'heure des grands changements a sonné. Lorsque les résultats sont défaillants ou que les comportements attirent la désapprobation publique, c'est toute la politique sportive qui est pointée du doigt. On remet en cause son efficacité, on interroge son coût humain, on affirme la nécessité de la prise en compte des valeurs sportives. Sans qu'il soit ici question de condamner qui que ce soit, la connaissance de l'intérieur et des coulisses du sport permettra de mettre en lumière les besoins, les enjeux et les perspectives à adopter.