L'analphabétisme ne cesse de toucher les régions de l'intérieur du pays malgré les acquis réalisés dans le domaine de l'enseignement depuis l'Indépendance. En effet, selon les données fournies dans le cadre d'une conférence de presse, organisée récemment à Tunis, le taux d'analphabétisme, à l'échelle nationale, a atteint 19%. Le taux le plus élevé est enregistré dans les régions du Nord et du Centre-Ouest avec 30,8%. Le gouvernorat de Kairouan se taille la part du lion avec 35% (la délégation de Bouhajla, 46,3%, et celle d'El Ala, 43,3%). Le taux d'analphabétisme chez les femmes demeure élevé à l'échelle nationale, avec 25,5% et celui des filles rurales est de 41,7%. Un programme exceptionnel de lutte contre l'analphabétisme sera lancé prochainement. D'une durée de trois ans, celui-ci vise à accélérer le processus d'alphabétisation dans les régions du Nord-Ouest et du Centre-Ouest. Le ministère des Affaires sociales, par le biais de la Direction compétente, a mis en place une nouvelle stratégie d'alphabétisation et d'éducation des adultes (EA) pour la période 2016-2025 avec l'appui technique de l'Unesco. Amélioration des compétences Cette stratégie va contribuer à améliorer la compétence du capital humain de la Tunisie. Elle va cibler 1.7 million de Tunisiens et de Tunisiennes analphabètes en butte à des difficultés pour leur insertion socioéconomique, leur participation à la vie citoyenne, l'exercice de leurs devoirs et la jouissance de leurs droits. L'analphabétisme est un vrai problème de société. En effet, il est corrélé positivement avec la pauvreté et l'exclusion, la marginalisation et l'isolement. Les personnes analphabètes ne sont pas en mesure de participer activement à la vie de leur communauté, de faire des démarches administratives et d'accéder aux services publics, tels que la santé et l'éducation. Mais l'analphabétisme est aussi un problème pour les entreprises qui sont toujours à la recherche du développement et de la compétitivité. Pour gagner en productivité, opérer des mutations technologiques, voire occuper de nouveaux segments, ces entreprises ont besoin d'une main-d'œuvre capable de s'adapter à de nouveaux modes de production, de mener à bien des tâches plus complexes et d'utiliser de nouveaux outils. Alors que la Tunisie cherche à transformer son économie d'une économie à faible coût en un hub économique et à attirer des investissements, elle a besoin de renforcer le niveau de la population active. Ainsi, 20,4% des quelque 8.3 millions d'actifs sont aujourd'hui analphabètes. Pour relever les multiples défis de l'analphabétisme, la première action de ladite stratégie consiste à miser sur l'éducation et la formation dans toutes les régions et particulièrement dans celles qui sont les plus touchées. L'analphabétisme est l'affaire de tous et son éradication ne se limite pas uniquement à l'Etat. La contribution de la société civile Les projets envisagés dans ce domaine concernent également les autres acteurs gouvernementaux, territoriaux et non gouvernementaux, la société civile sans oublier les acteurs de la coopération et du développement international. Il est impératif, de même, de renforcer la coordination entre le ministère des Affaires sociales et le ministère de l'Education de manière à réduire le flux des néo-alphabètes. Celui-ci est formé d'enfants et de jeunes exclus du système d'Education formel soit parce qu'ils n'ont jamais pu être scolarisés, soit parce qu'ils ont été déscolarisés, ou encore parce qu'ils ont abandonné l'école sans avoir acquis une compétence suffisante en lecture, écriture et en calcul. Pour être réellement efficaces, les programmes de lutte contre l'analphabétisme doivent pouvoir déboucher sur de véritables parcours d'apprentissage dont la validité est reconnue tant par les institutions du système formel d'éducation que par les acteurs économiques. De ce point de vue, l'implication de ces derniers dans l'orientation et la définition des programmes en question paraît essentielle. En somme, le changement visé par cette stratégie consiste à adopter une approche fondée sur la complémentarité, la recherche de synergies et l'ancrage local.