A ceux qui considèrent que l'on cherche vainement à rééditer le schéma de Nida Tounès, les fondateurs de Tahya Tounès répondent à l'unisson qu'«ils ne construisent pas leur projet politique autour d'une figure emblématique mais que leur mouvement a besoin d'un leader». Reste qu'un grand leader charismatique, ce n'est pas rien Comme prévu, la dernière réunion régionale consultative, celle de Monastir, a été l'occasion pour les promoteurs du nouveau projet politique de Youssef Chahed ou appuyant Youssef Chahed d'une annonce solennelle de la fondation de leur mouvement. Fait original, ce sont les militants présents, venus de plusieurs régions, qui ont désigné par vote par sms le nom du mouvement. Trois noms leur avaient été proposés Nida El Watan, Al Ittilef Al Watani et Tahia Tounès qui a été retenu. Les organisateurs parlent de 7.000 présents mais l'espace clos où s'est tenue la réunion n'a pu accueillir que 2.000 personnes, avec un imposant attroupement à l'entrée. Au nom et en l'absence de Youssef Chahed Alors que Youssef Chahed était en déplacement dans la région de Jendouba, les initiateurs du mouvement conduits par Slim Azzabi et Mustapha Ben Ahmed se sont réclamés de lui, ont présenté leur projet politique et se sont appliqués à délimiter les impératifs majeurs qui les animent. Leur ambition est de rassembler les Tunisiens au centre et de réconcilier le pays autour d'un programme politique réformateur qui sache dépasser les blocages de toute sorte et renouer avec la croissance. Le projet vise, comme ce fut le cas pour Nida Tounès en 2012, à assurer un meilleur équilibre au niveau de l'échiquier politique. Et Mustapha Ben Ahmed d'affirmer qu'il ne sera pas question de s'allier avec Ennahdha. Un rassemblement de sensibilités centristes La réunion a donné à voir une multitude de personnalités de divers horizons centristes avec une nette prévalence de nidaïstes historiques dont les figures de proue sont les visages familiers du groupe parlementaire de la Coalition nationale et plusieurs ministres en place. Etaient également bien représentés les destouriens et RCDistes, les syndicalistes, des déçus de Afek Tounès et du Mechroû et des intellectuels et artistes de divers bords. En fait, ce nouveau projet politique prend l'allure d'un vaste mouvement conçu comme un large rassemblement de sensibilités centristes de divers bords qui puisse rassurer l'opinion publique quant à l'avenir du pays. En cela, il suit de près le cheminement qu'avait pris Nida Tounès et forme le vœu de pouvoir reconstruire une force capable d'assurer la mission que s'était assignée le parti présidentiel. Ni bureau politique ni comité central Et comme ce fut le cas alors, le nouveau mouvement envisage des alliances avec Machroû Tounès, le Parti républicain, le parti fondé par Ridha Belhadj, le mouvement de Saïd Aïdi et Afek Tounès... Mais pour le moment, seul Mohsen Marzouk répond par l'affirmative. A ceux qui considèrent que l'on cherche vainement à rééditer le schéma de Nida Tounès, les fondateurs de Tahia Tounès répondent à l'unisson qu'«ils ne construisent pas leur projet politique autour d'une figure emblématique mais que leur mouvement a besoin d'un leader». Reste qu'un grand leader charismatique ce n'est pas rien. En l'espace de deux ans, Béji Caïd Essebsi a conquis le pouvoir avec son parti. Dimanche à Monastir, on a préféré se donner du temps et de la réflexion. Youssef Chahed n'est pas officiellement désigné et il n'y a ni Bureau politique ni Comité central, tout juste a-t-on chargé Slim Azzabi de la coordination.