L'Association des cadres de contrôle, d'inspection et d'audit (Accia) au sein des entreprises publiques a organisé, hier, une conférence de presse avec plusieurs de ses partenaires suite à l'arrestation du contrôleur régional des dépenses publiques de Jendouba. ‘'Il n'est pas du tout normal qu'à la moindre erreur on s'attaque aux fonctionnaires publics de la manière la plus exagérée et la plus injuste avant même de voir aboutir l'enquête. Les erreurs qui accompagnent la gestion ne sont pas des affaires de corruption et vous en tant que médias devez dire la vérité et faire la part des choses entre la corruption qui entraîne des bénéfices et les erreurs qui sont l'apanage de tous les fonctionnaires dans le monde. Si on ne fait pas la différence et si on continue à s'attaquer aux fonctionnaires, personne ne prendra plus jamais d'initiative et l'administration sera gravement bloquée'', s'est offusqué Adel Ghozzi, président de l'Accia lors de la conférence de presse qui a été organisée, hier, par l'association des cadres de contrôle, d'inspection et d'audit (Accia) au sein des entreprises publiques suite à l'arrestation du contrôleur régional des dépenses publiques de Jendouba, impliqué dans une affaire de corruption. Ras-le-bol des fonctionnaires Des faits très graves ont mené à l'organisation de cette conférence, avec une suspicion de corruption dans trois dossiers de contrats publics, à savoir les travaux de rénovation du réseau routier et autres réseaux au sein de l'hôpital régional du gouvernorat de Jendouba pour une enveloppe de 1,4 million de dinars, les travaux de construction d'une salle d'exposition à Oued M'liz pour 786 mille dinars et d'une bibliothèque d'un montant de 536 mille dinars. ‘'Nous sommes ici pour éclairer la justice, l'opinion publique et les médias et garantir un contrôle efficace et une gestion publique efficiente et impartiale », attestent les organisateurs et leurs partenaires du syndicat des contrôleurs des dépenses publiques et l'association des agents et cadres de la présidence du gouvernement ainsi que le syndicat des agents et cadres de la présidence du gouvernement. Toutes les inspections connaissent les règles posées par le législateur et celles-ci sont respectées'', ajoute Ghozzi dans un ras-le-bol qui ne fait aucun doute. Mesures pour protéger le responsable public Le propos est clair : faire toute la lumière mais préserver le droit à la présomption d'innocence. Les intervenants qui se sont succédé à la tribune ont, ainsi, regretté que l'opinion publique et surtout la société civile se soient dressées pour incriminer la personne en question sans rechercher la vérité. ‘'Les trois contrats qui sont l'objet des accusations n'ont pas été accordés aux bénéficiaires dès le début. Il n'y a aucune atteinte aux deniers de l'Etat. Où est le profit du gestionnaire en question ? Sans signature de contrat, il n'y a pas d'affaire. Et c'est le cas, aucun de ces trois contrats n'a été signé. Alors, pourquoi toutes ces accusations qui visent des fonctionnaires qui ne font que leur travail ? Essayez de faire l'équilibre entre l'efficacité de votre travail et la sécurité de votre emploi alors que l'on nous reproche notre zèle à faire avancer les dossiers'', poursuit Adel Ghozzi à l'adresse des dizaines de gestionnaires publics présents dans la salle. ‘'Ne votez pas pour le parti politique qui ne milite pas pour la protection du fonctionnaire public'', ajoute-t-il. En définitive, les fonctionnaires publics insistent sur le fait que des recommandations doivent être proposées aux contrôleurs et aux gestionnaires et que des mesures sont nécessaires pour protéger le responsable public. Des recommandations ont été émises dont l'amendement du statut de la fonction publique et des textes en relation afin d'introduire un chapitre sur les procédures de poursuite des fonctionnaires publics, surtout les hauts fonctionnaires, quand il y a suspicion de corruption et l'institution d'une justice spécialisée dans les crimes en relation avec les deniers de l'Etat. Les intervenants ont appelé à interdire l'arrestation du fonctionnaire public si les accusations à son encontre ne sont pas parfaitement corroborées, et fixer un délai maximum de poursuites à chaque étape, avec obligation de retour à l'état initial si les accusations se révèlent non fondées. « Il faut œuvrer à instituer l'équilibre entre les pouvoirs pour qu'aucun d'entre eux ne domine les autres et pour que tout le monde soit comptable de ses actes, mais dans le respect des fonctions et la préservation des droits. Un dernier mot ? Nos confrères doivent être relâchés, ils ne méritent pas d'être arrêtés'', a conclu Ghozzi.