La récente détérioration des conditions de travail des migrants africains a grandement mobilisé les ONG et la société civile tunisienne. L'Ugtt réclame aujourd'hui une assistance juridique. Depuis le début du mois de février, un phénomène étrange et quasiment inédit a subitement fait son apparition dans le monde du travail tunisien. Celui relatif à la mort d'un employé de nationalité ivoirienne pour suite de mauvaises conditions de travail. Deux cas de décès ont été enregistrés dans la même semaine parmi les travailleurs d'origine sub-saharienne. Un premier en milieu urbain à Sfax et un second en milieu rural à Sidi Bouzid. Ainsi, un ouvrier ivoirien est décédé « d'épuisement et de surexploitation au travail et de mauvaises conditions de vie », apprend-on de source médiatique. Un autre Ivoirien est mort dans un champ agricole à cause de la surexploitation physique de son employeur. La détérioration de la condition des immigrés d'Afrique sub-saharienne n'est plus un mystère. Sans tarder, la centrale syndicale, Ugtt, a récupéré l'affaire en vue de garantir et de renforcer les droits des travailleurs étrangers en Tunisie en veillant à ce qu'ils bénéficient d'une assistance juridique. C'est que l'affaire a pris des proportions dramatiques suite à la dénonciation des actes de maltraitance. Les organisations non gouvernementales « Tunisie, terre d'émigration et d'asile» et l'Association tunisienne de soutien aux minorités ont dénoncé les mauvaises pratiques perpétrées contre les travailleurs africains et le risque qu'encourent ceux qui se trouvent en situation irrégulière d'être privés de leurs droits. Conditions de séjour déplorables La majorité d'entre eux ne bénéficient d'aucune couverture sociale. Ils résident et exercent dans le cadre d'un séjour irrégulier en Tunisie, ce qui est de nature à fragiliser leur statut. Un séjour qui ne garantit pas leurs droits économiques et sociaux. Ce sont généralement des Ivoiriens, Camerounais, Maliens ou Congolais. Si on y ajoute le lâche meurtre de Falikou Coulibaly, intervenu en fin de l'année précédente, les conditions de séjour des Africains laissent à désirer dans l'ensemble. Au niveau des signalements, on décompte 410 plaintes enregistrées pour des cas d'exploitation économique et de mauvais traitements au cours de la seule année 2018. Une plainte sur quatre émane de la région de Sfax, où il y a une forte présence de travailleurs migrants africains. Une situation désastreuse à laquelle il faut remédier avec urgence pour ne pas voir la Tunisie entrer dans une autre liste noire. L'initiative de l'Ugtt en vue d'assurer les droits des travailleurs étrangers doit permettre d'améliorer le climat socio-professionnel et le statut des travailleurs africains pour mettre fin à leur situation de vulnérabilité. Assistance juridique L'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) a annoncé la mise en place de points de contact au profit des travailleurs étrangers en Tunisie afin qu'ils puissent bénéficier d'une assistance juridique. Dans les sections régionales de l'Ugtt à Tunis, Sfax, Sousse et Médenine, des espaces réservés à l'immigration seront créés pour dénoncer les cas de violation et intervenir à temps. Il s'agit de fournir une assistance aux travailleurs étrangers en Tunisie. L'Ugtt a fait part de son souci de préserver les droits des travailleurs étrangers en Tunisie. Ces droits seront défendus au même titre que ceux des Tunisiens à l'étranger. La centrale syndicale a également appelé, dans un communiqué publié hier, « à sauvegarder les droits des immigrés en Tunisie à travers le développement d'un arsenal juridique approprié qui servira de cadre pour la régularisation de la situation des migrants irréguliers à travers l'intensification des opérations de contrôle».