Après avoir observé un sit-in mercredi, 20 février, à la place de La Kasbah, L'Union des enseignants universitaires et chercheurs tunisiens (Ijaba) nous a confié que l'entretien avec le chef du gouvernement n'a pas eu lieu. En conséquence, Nejmeddine Jouida, son coordinateur, a annoncé à La Presse que la seule voie qui reste à l'Union est de boycotter les examens et d'aller vers une année blanche. Les universitaires sont en colère ; c'est le moins que l'on puisse dire en écoutant le témoignage de Nejmeddine Jouida, coordinateur de l'Union des enseignants universitaires et chercheurs tunisiens (Ijaba), qui a appelé Youssef Chahed, chef du gouvernement, à accorder un entretien à sa délégation à l'issue d'un sit-in observé juste en face de son siège à la place de La Kasbah à partir de 11h00 mercredi. «Il ne semble pas saisir la gravité du climat de tension sans précédent qui prévaut aujourd'hui au sein de l'université tunisienne alors qu'une grève administrative est observée par plus de 75 établissements universitaires et que plus de 120 mille étudiants n'ont pas passé leurs examens», ajoute Jouida. Pas d'autre perspective que d'aller vers l'escalade «Le chef du gouvernement nous a traités exactement de la même manière que l'année dernière quand il avait également refusé de nous rencontrer, ignorant que notre souci ne réside pas dans la rencontre elle-même mais dans l'urgence de résoudre les problèmes qui s'accumulent», regrette Jouida qui nous énumère les griefs des universitaires, à savoir l'absence d'équivalence des diplômes de l'enseignant universitaire chercheur avec le salaire accordé, l'absence de concours de recrutement pour plus de 5 mille docteurs au chômage depuis plus de 3 ans. Les universitaires reprochent également la politique de marginalisation du ministre de l'Enseignement supérieur face aux mouvements des enseignants universitaires et déplorent l'absence de réaction des autorités de tutelle face à la gravité de la situation ce qui a contribué à accentuer le climat de tension régnant dans le milieu de l'enseignement supérieur. «Nous n'avons pas d'autre perspective que d'aller vers l'escalade et notre sit-in du mercredi ainsi que notre demande d'audience n'étaient que la dernière étape vers l'inéluctable cessation des examens. En mai, ce sera l'arrêt normal des cours mais, en juin, nous n'organiserons pas les examens. Ce n'est absolument pas de notre faute, c'est le gouvernement qui a signé cette perspective d'année blanche et si Youssef Chahed espère nous voir revenir sur notre décision, il doit ouvrir immédiatement les négociations», menace Nejmeddine Jouida. Rappelons que c'est depuis janvier que l'Union a annoncé la poursuite de la grève administrative observée dans 72 établissements universitaires et l'attachement à ses revendications salariales ainsi qu'à l'ouverture de la candidature pour les 5.000 docteurs au chômage. Des annonces et des contre-annonces se sont poursuivies au cours de la dernière période à propos des négociations.