Selon la BCT, les majorations récentes des salaires, qui confèrent un pouvoir d'achat additionnel — lesquels constituent la charge principale qui incombe aux entreprises — risquent d'entretenir une spirale prix-salaires préjudiciable à l'économie Suite à la décision « surprenante » de la Banque centrale de Tunisie (BCT) d'augmenter le taux directeur de 100 points pour le porter à 7.75% par an, soit la troisième hausse consécutive depuis une année et demie environ, l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap) exprime son refus de cette décision unilatérale qui ne tient pas compte de la situation difficile par laquelle passent la majorité des secteurs économiques et notamment celui de l'agriculture et de la pêche. L'organisation agricole souligne, par ailleurs, que cette décision ne peut pas constituer une solution susceptible de résoudre les problèmes de l'économie nationale qui sont d'ordre structurel et dus à des facteurs endogènes et exogènes, ce qui nécessite de prendre des mesures en vue de contrecarrer la chute continue de la valeur du dinar, la maîtrise du taux d'inflation, tout en faisant face de façon rigoureuse au commerce parallèle et aux barons de la contrebande. L'Utap prévient les parties concernées de l'impact négatif de cette décision sur l'investissement dans le secteur agricole et de la pêche et sur l'augmentation du coût du crédit agricole, ce qui va alourdir les charges de l'agriculteur dont l'accumulation des dettes. Leur situation sera aggravée, eux qui passent, actuellement, par des pressions importantes et supportent des pertes énormes à cause de l'accroissement des coûts de production et des effets du changement climatique. Tensions inflationnistes La BCT rappelle, de son côté, qu'en janvier 2019, l'inflation globale s'est établie à 7,1%. Cette relative détente ne doit en aucun cas dissimuler les pressions susceptibles d'entretenir les tensions inflationnistes pour la période à venir. L'aggravation sans précédent du déficit courant de la balance des paiements, qui se maintient à deux chiffres pour la deuxième année consécutive, continue à attiser les pressions sur le taux change du dinar vis-à-vis des principales devises, et par voie de conséquence sur l'inflation. Le dinar s'est déprécié, en moyenne de 12,9% contre l'euro et de 8,6% contre le dollar américain. Cette dépréciation s'est transmise rapidement aux prix intérieurs, contribuant à la persistance des tensions inflationnistes. Les majorations récentes des salaires, qui confèrent un pouvoir d'achat additionnel — lesquels constituent la charge principale qui incombe aux entreprises — risquent d'entretenir une spirale prix-salaires très préjudiciable à l'économie. L'orientation restrictive de la politique monétaire a pour objectif de contraindre la capacité des agents économiques à dépenser, à limiter la demande, principalement de consommation, et à contenir, par conséquent, les tensions sur les prix à la consommation. Le coût de l'inaction aurait été très élevé. En effet, sans les actions de la Banque centrale, l'inflation aurait été encore plus élevée, voire à deux chiffres ! Un tel niveau d'inflation, selon la BCT, risquerait de compromettre la reprise économique qui est encore fragile, et qui pourrait être davantage fragilisée avec un taux d'inflation aussi élevé, facteur qui pourrait même avoir des répercussions sur la visibilité des investisseurs et donc impacter négativement les décisions d'investissement ! La Banque centrale de Tunisie, dont la mission est de veiller à la stabilité des prix, ne ménagerait aucun effort pour juguler l'inflation et agir sur les anticipations. Un dérapage de l'inflation affecterait considérablement les couches sociales les plus démunies et ce, notamment, à travers une érosion conséquente de leur pouvoir d'achat. Inflation faible et prévisible La meilleure contribution que puisse apporter une banque centrale à l'économie, c'est de préserver une inflation faible et prévisible, permettant d'assurer une croissance saine et durable. Les tensions inflationnistes observées depuis 2017 se sont poursuivies tout au long de l'année 2018 portant le taux d'inflation à 7,3% en moyenne sur toute l'année écoulée, contre 5,3% une année auparavant. D'ailleurs, les principaux indicateurs de l'inflation sous-jacente se maintiennent à des niveaux supérieurs à la moyenne historique, et demeurent largement au-delà de l'inflation globale, présageant la persistance des tensions inflationnistes. Ce niveau élevé est le résultat d'un certain nombre de chocs aussi bien conjoncturels que structurels.