Pour juguler l'inflation galopante, la Banque Centrale de Tunisie a décidé de relever son taux d'intérêt directeur de 100 points de base pour le situer à 6.75% contre 5.75% auparavant. Une décision qui ne fait pas l'unanmité chez certains experts et économistes. Le durcissement de la politique monétaire n'aura pas selon les uns d'incidences positives sur l'évolution de l'indice général des prix à la consommation familiale. La hausse du taux d'intérêt directeur est logiquement contre-productive en matière d'investissment. Et même si la BCT a opté pour une solution de remède en lançant un guichet d'appel d'offres permettant de subvenir aux besoins financiers des PME, la maîtrise espérée du taux d'inflation n'est pas pratiquement acquise notamment avec la dépérciation continue du dinar. Selon la BCT : « les tensions inflationnistes risquent de s'exacerber davantage d'ici la fin de l'année et leur cohorte de'effets néfastes tant sur la reprise récente de la croissance économique que sur le pouvoir d'achat des citoyens et de ce fait, une action préventive appropriée sur les taux d'intérêts s'avère indispensable. En effet, le taux d'inflation, au mois de mai 2018, est ressorti à 7,7% en glissement annuel, contre 4,8% en mai 2017. L'inflation sous-jacente, (hors produits à prix administrés et produits alimentaires frais, lesquels produits sont insensibles aux actions de la politique monétaire), qui traduit l'évolution structurelle des prix a atteint également 7,7% en mai 2018, en glissement annuel. Son caractère persistant demeure une source de préoccupation pour les autorités monétaires. » L'inflation pourrait atteindre les 8% en moyenne pour toute l'année 2018 Selon les estimations de la BCT, l'inflation devrait atteindre des niveaux records en 2018 vu la flambée des cours de l'énergie, la remontée de l'inflation chez nos principaux partenaires, la hausse des salaires faute de productivité, la persistance du déficit commercial à un niveau insoutenable et l'accentuation de la demande intérieure de consommation. Bref, autant de facteurs qui contribueraient ne manqueront pas de propulser l'inflation à des niveaux jamais atteints depuis près de trois décennies. Ainsi et pour contenir l'inflation, l'institution d'émmission n'a trouvé d'alternative que d'agir sur son taux d'intérêt directeur et de le relever et ce au détriment de l'investissement. Néanmoins, le conseil d'administration de la BCT a lancé un guichet d'appel d'offres au profit des banques, dédié au refinancement des crédits accordés au titre de nouveaux projets d'investissement. « Il s'agit de nouvelles facilités permettant de fournir de la liquidité structurelle, en l'occurrence un guichet d'appel d'offres d'une maturité de 6 mois, au profit des banques, dédié au refinancement des crédits accordés au titre de nouveaux projets d'investissement, notamment ceux initiés par les PME », explique un communiqué de la BCT. Il s'agit entre autres d'une riposte aux pressions de liquidité dont souffrent les banques de la place. « Ce mécanisme, qui introduit une nouvelle dynamique dans la politique de refinancement de la BCT, vise in fine à fournir au système bancaire des liquidités plus stables et à les inciter à financer les PME et ce, dans le cadre d'une meilleure allocation des crédits ciblant davantage les secteurs productifs. », explique la BCT. Reste à savoir si le durcissement de la politique monétaire prôné par le FMI produira l'effet escompté.