Salle comble pendant deux soirées consécutives au Théâtre municipal de Tunis : les spectateurs étaient venus nombreux accueillir Haroun, l'idole montante du stand-up français, qui tire intelligemment sur tout ce qui bouge… 20h00, le public s'excite devant le Théâtre municipal de Tunis. Il a hâte d'assister à un spectacle humoristique de qualité pour décompresser en milieu de semaine et échapper à la morosité pesante du quotidien. Haroun, c'est l'humoriste qui surfe sur la vague du succès actuellement : il gravit les échelons rapidement et perce à coups de campagnes de communication digitales et de réseaux sociaux. Du haut de ses 35 ans, sa cote de popularité n'a plus rien à envier à celle des grands humoristes français. A la différence que les sketchs de Haroun décortiquent avec humour la politique actuelle mondiale : française, européenne, américaine ou maghrébine. Pas une seule n'est à l'abri ! Il rebondit sur la vie politique pendant ce spectacle à Tunis et ne déroge pas à la règle : l'artiste a entamé son show de presque 2 heures fourrées de vannes sarcastiques pour le plus grand bonheur du public. Son show demeure inaccessible pour des spectateurs qui ne sont pas branchés actualité politique et pour les plus jeunes mais qui restent ouverts aux blagues ou aux piques plus terre-à-terre qui traitent de la vie de tous les jours, de la diversité culturelle, de la drague ou encore des us et coutumes. L'artiste, à l'occasion de son passage à Tunis, a tenté entre deux axes de «tunisifier» son spectacle mais il est tout de même resté à la surface, en traitant au passage des thèmes plus généralistes qui feraient fuir spectateurs mais également humoristes qui n'oseraient pas les aborder. Ses piques peuvent paraître faciles par moments mais parviennent à soulever le spectacle. Haroun n'aborde pas des sujets en lien avec sa personne, et encore moins de la sexualité et affirme traiter intelligemment des sujets qui le touchent. Le rire est une forme de résilience pour lui, de soulagement à travers lequel il peut tourner en dérision des sujets sérieux. Très satisfait de l'accueil du public, son prochain passage à Alger s'annonce piquant à l'heure d'un cinquième mandat de Bouteflika, annoncé pour les prochaines élections. L'humoriste est déterminé à ne surtout pas s'autocensurer, quitte à annuler tout le spectacle. «Je n'ai pas l'impression que mes vannes sont méchantes. Elles sont drôles et je ne pense pas que ça va choquer plus que ça». Avis aux politiciens susceptibles ! Son passage à Tunis est la continuité de sa tournée entamée en France, puis en Belgique et au Maghreb. Son spectacle joué sur les planches du Théâtre municipal de Tunis est son 4e. Le Festival du rire, dans sa 10e édition, a également programmé Nidhal Saadi, le vaudeville tunisien «El Mdak», ou encore l'hypnotiseur Jay Kynesios.