Par Khaled TEBOURBI Retour sur la pseudo «coranique» de Regueb : important, utile, à notre avis ! Le pays s'en est ému, soit, et le gouvernement et le législateur semblent avoir pris l'affaire en mains. Le sentiment, néanmoins, la conviction qui persiste chez beaucoup, dont nous, est que ni le mal n'est «biffé», ni le dossier n'est tout à fait clos. Nous titrons ci-haut, «Regueb, l'avant… et l'après». Voilà le «hic».Tout le «hic». La pseudo école coranique n'est, d'abord, pas née de rien, et ses activités illégales, immorales, ne pouvaient échapper aux autorités. Y a-t-il eu négligence ? Etait-ce une forme de «complicité» ? Bizarre, mais on n'en sait rien encore. Aucun responsable local, régional ou central n'a été saisi, convoqué, impliqué, questionné ou interrogé. Voire, ceux-là même ont été chargés de l'enquête. En quelque sorte, « juges et parties» !? La magistrature, elle aussi, était au courant, puisqu'elle a déjà prononcé un jugement d'interdiction et que celui-ci est resté, deux années durant, sans effet. Le comble de la bizarrerie, enfin : c'est seulement une émission de télévision qui a découvert le «pot aux roses», et qui l'a révélé aux Tunisiens. Devrait-on en déduire que tous les autres détournaient le regard ? Se taisaient ? Ceci est «l'avant», ce qui a précédé le terrible scandale de la prétendue «coranique» de Regueb. Ce qui y«préexistait», ce qui en constituait le «décor» préalable, la preuve irréfutable. Mais dont on ne dit plus mot désormais. Reste la suite, «l'après», ce qui a été fait en conséquence. Pour guérir d'un mal qui n'a pas concerné que la petite délégation de Regueb, mais (on l'apprendra, curieusement, à l'occasion) près d'un millier «d'écoles» similaires à travers les 23 autres gouvernorats. Pour en tirer les justes leçons aussi. Surtout. Pour restructurer, pour réformer. Pour protéger les acquis modernistes, culturels et spirituels de toute une nation. Fût-ce le cas ? Aucune certitude, là non plus. L'ARP a bien voté une loi protégeant l'enfance, réglementant l'enseignement coranique dans les écoles de base et les jardins d'enfants. Les ministres de l'Intérieur, de l'Education, de la Femme, des Affaires religieuses ont bien réagi en répondant à l'interpellation des élus, en se fixant des objectifs, et«en s'engageant à être plus attentifs, plus circonspects». Mais, au final, avec quels résultats ? Le texte sur les écoles coraniques et les jardins d'enfants a, pour commencer, rallumé la mèche au sein de l'ARP. On est retombé dans le schisme de la troïka. Au lieu de république civile et laïcité, croyants contre mécréants. On a passé des heures à proposer des amendements, pour en fin de compte, les refuser. Les nouvelles «alliances gouvernementales», Nahdha et centre droite, ont, après moult tergiversations, préservé la «vieille» ambiguïté constitutionnelle :la nouvelle loi «protégera», à la fois, l'enfance et le Coran. Entendre qu'en cas de «récidive», il sera quasiment impossible de convenir d'une solution. Plus grave, ensuite : des «porte-parole» islamistes ont retrouvé de la voix. Ils ont défié le procureur, puis menacé le producteur de l'émission. Et à ce jour, ils n'encourent aucune poursuite. De simples blogueurs croupissent en taule,alors que les arrogants défenseurs de la pseudo «coranique» circulent en toute impunité. Sans compter que des parents responsables d'avoir sciemment traîné leur progéniture dans un tel enfer ont tout récupéré aujourd'hui. Et la confiance de la société civile (?!?) et leurs enfants, quasiment «en l'état». On le redit : ni le mal biffé, ni le dossier tout à fait clos.