Esclavage, négritude, racisme et approches d'émancipation, comment les problèmes rencontrés par les Noirs dans le monde arabe sont-ils traités dans le roman? Le Forum de Tunis du roman arabe a choisi, dans sa seconde édition (7-8-9 mars), d'aborder la question de l'homme de couleur dans la littérature arabe. Lors de la cérémonie d'ouverture, jeudi, au Théâtre des jeunes créateurs, à la Cité de la culture, le directeur de la Maison du roman, Kamal Riahi, a indiqué qu'après avoir débattu l'avenir du roman arabe dans la première édition en 2018, le Forum de Tunis du roman arabe 2019 a voulu aborder les problèmes des Noirs dans la littérature arabe, pour mettre l'accent sur une histoire oubliée, ainsi que sur les nouvelles formes d'esclavage moderne. M.Riahi a, dans le même contexte, déclaré que les axes abordés, comme l'histoire de l'esclavage et celle de l'émancipation des Noirs dans le monde arabe permettent de s'interroger sur notre propre humanité et sur la notion de liberté et de dignité. Après un concert de jazz animé par le groupe «Los Latinos», offrant à écouter la musique originaire des Etats-Unis, née de la confrontation entre la musique des esclaves noirs venus d'Afrique et celle des Européens, un hommage a été rendu à plusieurs romanciers et critiques littéraires tunisiens. Des prix en forme de «Barg ellil», le personnage principal du roman de Béchir Khraief et l'emblème de l'affiche de la manifestation, ont été remis aux romanciers et critiques littéraires suivants: Hassanine Ben Ammou, Abdelwahab Brahem, Messaouda Boubaker, Amel Mokthar, Ibrahim Darghouthi, Mahmoud Tarchouna, Mohamed El-Kadi, Salaheddine Boujah et Mohamed Ali Youssfi. Dans son allocution introductive de la rencontre, le romancier Chokri Mabkhout a mis l'accent sur le rôle du roman arabe dans la mise en lumière d'une histoire méconnue et passée sous silence, celle de l'esclavage dans le monde arabe, ou encore le racisme à l'encontre des Noirs. Pour M.Mabkhout, le roman arabe est face à un défi idéologique, celui de «réécrire l'histoire, reflet d'une identité et d'une histoire multiple à travers la déconstruction des stéréotypes afin de faire bouger les mentalités et se libérer des illusions du passé». Durant cette seconde édition, des rencontres et des débats avec des écrivains arabes de renommée seront organisés, à l'instar d'Elias Khoury, Tareq Al Tayeb ou encore Ibrahim Al Hajri. Trois axes sont examinés, à savoir l'esclavage dans le roman, le racisme dans le roman et «Peau noire: approches d'émancipation».