Par M'hamed JAIBI Perdre douze bébés dans un hôpital public et dans des conditions mystérieuses qui affolent le personnel paramédical puis médical puis administratif et enfin politique, c'est, bien entendu, une catastrophe nationale. Qui vient s'ajouter à toutes les malchances qui se sont abattues sur le pays. Pour les familles des victimes, c'est bien entendu un choc, une douleur profonde, une déception majeure. Et le laisser-aller habituel qu'ils ont tant de fois remarqué leur revient à l'esprit, incriminant le personnel de l'hôpital. Mais il faut aborder les catastrophes avec sang-froid et une sérénité cartésienne. Comprendre ce qui s'est passé, rechercher les causes, interroger les responsables directs et faire appel aux spécialistes et experts en la matière. Au même moment, il ne faut pas oublier que l'on est désormais en démocratie et que les médias doivent être correctement briefés. Sans cachotterie grossière. Et Dr Nabiha Borsali a su être à la hauteur en avouant ne pas être sûre de la cause et en reconnaissant qu'il est habituel de remettre les cadavres des nouveau-nés dans des petits cartons même si cette pratique a choqué l'opinion publique. La démission du ministre n'était pas nécessaire ni utile. C'était à lui de gérer la situation, la colère des familles, l'hystérie de certains médias, l'affolement des cadres et agents de l'hôpital et de tout le ministère, encerclé qu'il était par tous ceux qui voudraient prendre la place du ministre, celle du chef de cabinet, celle du directeur général de la santé et même celle de l'attaché de presse, «qui n'a pas su faire son travail». Maintenant, on va assister à un ballet de limogeages et de nominations qui affecteront tous les rouages aussi bien au ministère qu'à l'hôpital, ainsi que dans le service de néonatalogie où s'est déclarée la catastrophe. Mais rien ne changera. Il se trouve, fort heureusement, que la ministre par intérim parle bien, maîtrise le dossier et respecte son prédécesseur et tous les cadres en place. Mme Sonia Cheikh a rappelé qu'il s'agit de prématurés très fragiles pesant tout juste un peu plus d'un kilo et qu'une infection nosocomiale est incriminée. Et que toutes les enquêtes livreront leurs résultats dans quatre jours. Quant à ce qu'on appelle la mal gouvernance, c'est sûr qu'il y en a aussi bien à La Rabta que partout ailleurs. Peut-être bien qu'il faudra commencer par les hôpitaux publics, lorsque l'Etat sera en mesure de renforcer sensiblement les budgets et numériser l'ensemble du système de santé.