Entre Testour, coquet petit village du Nord-Ouest, célèbre grâce à sa mosquée et son horloge typique fonctionnant à l'envers, et Dougga et ses magnifiques ruines inscrites au patrimoine mondial, Ain Tounga fait figure d'un site archéologique pitoyable et mis à l'écart. Un site abandonné, à la dérive, dont les terrains sont squattés par des habitants qui y ont construit des habitations. Des monuments en piteux état laissés à l'abandon, pourtant, ils ne manquent pas d'intérêt. Dans le cadre de son programme de sensibilisation au patrimoine national, l'Agence de mise en valeur du patrimoine et de la promotion culturelle (Amvppc) a organisé à l'adresse des représentants des médias nationaux et internationaux une visite guidée dans ces trois sites situés au Nord-Ouest du pays : Testour, Ain Tounga et Dougga. Première escale à Testour, village andalou qui se caractérise par l'horloge du minaret de la Grande Mosquée dont la caractéristique réside en ses aiguilles tournant dans le sens inverse de celles d'une montre ordinaire et les chiffres qui sont placés à l'envers également. La restauration de cette horloge est due à l'initiative du Goethe Institut de Tunis avec le projet « Me3marouNa » et l'Association pour la sauvegarde de la médina de Testour. La maison de la chanteuse juive Habiba M'Sika, qui a connu une fin tragique, transformée en maison de la culture, est aussi une attraction pour les touristes. Malheureusement, les alentours de la Mosquée sont laissés à l'abandon. Pas d'entretien, ni de plan d'aménagement. Egouts bouchés, plaques de rue illisibles, place servant de décharge… Que fait la municipalité ? A quelques encablures de Testour, Ain Tounga. Rien n'indique le site archéologique. Le visiteur doit deviner tout seul. De plus, le chemin caillouteux indique que les pouvoirs publics ne consacrent aucune attention à ce site pourtant d'une certaine valeur archéologique. C'est pourquoi les habitants de la région ont grignoté sur les terrains réservés au site pour y construire leurs habitations. Il est difficile de les déloger même si la loi l'exige. A l'intérieur du site, les monuments datant de l'époque romaine ont triste mine. Certains ressemblent à des tas de pierre sans vie occupés par des herbes sauvages et peut-être des reptiles qui roupillent sous les pierres. Que fait l'Institut national du patrimoine ? En allant vers l'ouest, Dougga, une ville propre, bien entretenue, respectueuse de l'environnement, se dresse majestueuse grâce à son site archéologique situé dans la délégation de Téboursouk. Ce site a été inscrit en 1997 par l'Unesco au patrimoine mondial parce qu'il représente « la ville romaine la mieux conservée de l'Afrique du Nord ». Loin du tissu urbanistique moderne, le site de Dougga est une attraction pour les visiteurs profanes ou passionnés d'histoire et d'archéologie. Malgré l'accueil chaleureux et la présence de la Garde nationale qui assure la sécurité, les touristes se font rares. Selon une responsable de l'Amvppc, les sites les plus visités en Tunisie par les touristes sont El Jem et le musée du Bardo, viennent ensuite le site de Carthage, la mosquée Okba Ibn Nafaâ à Kairouan, Sousse et Monastir. Bien que conservé dans les règles de l'art, le site de Dougga est impressionnant grâce à son théâtre magnifique, son temple, ses thermes, etc. surplombant une plaine de verdure magique. Des excursions devraient être organisées vers ces lieux archéologiques, témoins d'une histoire millénaire au cours de laquelle se sont succédé différentes civilisations : libyque, punique, numide, romano-africaine et byzantine… A l'Amvppc revient le mérite de mettre en valeur ces lieux de mémoire et d'assurer leur promotion, le reste devrait suivre.