Les étudiants sont à bout de patience. Ils commencent à préparer leur riposte contre l'attentisme qui prévaut depuis le début de l'année au sujet de leurs notes du premier semestre. A cela est venu s'ajouter le lancement, à partir de la prochaine édition du Bac 2019, de la nouvelle filière spécialisée en éducation et en enseignement (licence et master) C'est, donc, un état d'effervescence qui caractérise le climat à l'intérieur des institutions universitaires. Et particulièrement celles qui sont touchées par le boycott administratif imposé par le syndicat «Ijaba». En effet, tout le monde sait que près de 120.000 étudiants sont privés des notes du premier semestre et d'examens, notamment pour le semestre en cours. Les rapports entre les deux parties (Ministère et syndicat) sont très tendus au point que les canaux de communication sont bloqués. Selon les autorités de tutelle, ce serait «Ijaba» qui refuserait de s'asseoir autour de la table des négociations. Ce syndicat, pour sa part, ne voit aucune utilité de poursuivre des discussions sous la mesure du gel des salaires. Or les étudiants ne l'entendent pas de cette oreille. Ils considèrent qu'ils sont lésés et que leur parcours universitaire pour cette année est, sérieusement, menacé. Les désaccords entre le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et le syndicat en question ne les intéressent pas. Pour eux, c'est l'achèvement de l'année universitaire dans des conditions normales qui compte le plus. Aussi, sont-ils décidés à exiger qu'on trouve une issue favorable à cette situation de blocage qui n'a que trop duré. Et le plus tôt sera le mieux. Dans ce même contexte de mécontentement estudiantin, l'Union générale des étudiants de Tunisie (Uget) est entrée en ligne pour signifier son rejet du lancement du projet visant à instaurer une nouvelle filière à partir de cette année. En effet, c'est à partir de l'édition 2019 du Bac que les élèves pourront opter pour un nouveau cursus universitaire menant, directement, au métier d'enseignant. C'est grâce à deux étapes que les étudiants pourront suivre soit une licence soit un master. Les ministères de l'Education et celui de l'Enseignement supérieur se sont mis d'accord pour mettre en œuvre cette nouvelle orientation. On estime, déjà, que près de 6.500 bacheliers choisiraient cette voie. Les premières promotions commenceront au cours de l'année universitaire 2024-2025. Aux dires des responsables, ces nouveaux diplômés seront, automatiquement, recrutés par le ministère de l'Education pour combler le manque dans nos établissements (écoles primaires, collèges et lycées). D'ailleurs, on déplore, actuellement, un déficit en enseignants de plus de 10.000. Pour l'année en cours, le ministère avait recruté environ 3.400 personnes entre instituteurs et professeurs. Il en fera de même, cette année, sinon plus. Car la demande est très forte. Il y a, aussi, la régularisation de 7.500 suppléants qui préoccupe et le ministère et les syndicats. En tout cas, l'Uget se propose d'organiser un mouvement de protestation qui dénoncerait la création de l'option licence-master en éducation et en enseignement. Par contre, l'Uget appelle à l'adoption du Capes pour le recrutement tout en ouvrant la voie aux diplômés du supérieur de pouvoir y participer. Il n'est pas question pour cette organisation estudiantine d'exclure cette catégorie de jeunes d'une chance d'accéder au métier d'enseignant. Le ministère de l'Education a tenu à rassurer les diplômés qui n'auront pas suivi cette nouvelle filière de garder intactes leurs chances d'être recrutés par le ministère selon les besoins. En fait, le ministère rappelle que la création de cette nouvelle branche vise à offrir aux étudiants orientés une formation académique adéquate susceptible de les aider à s'acquitter de leurs tâches. Cela nous fait penser à ces institutions qui ont fait leurs preuves en fournissant des milliers et des milliers d'instituteurs et de professeurs aux établissements scolaires. On pense aux Instituts supérieurs de formation des maîtres (Isfm), à l'Ecole normale des professeurs adjoints (Enpa) et, surtout, à l'Ecole normale supérieure (Ens). Toujours est-il que les étudiants seront sur deux fronts. Ils vont mettre la pression pour que leur point de vue soit pris en considération et que leurs intérêts ne soient pas ignorés. C'est pourquoi l'Uget appelle tous les étudiants à se mobiliser en se rassemblant devant le ministère de l'éducation, aujourd'hui et, devant le ministère de l'Enseignement supérieur, le 10 avril. Le slogan retenu sera «Rétablir le Capes».