RAMALLAH, Cisjordanie (Reuters) — Mahmoud Abbas a invité hier les Etats-Unis à aller au-delà des simples «slogans» dans leur soutien à la création d'un Etat palestinien. Face à la paralysie des pourparlers directs de paix, qu'il impute à la reprise par Israël de la colonisation en Cisjordanie et à Al-Qods-Est, le Président palestinien a émis l'idée de réclamer au Conseil de sécurité des Nations unies la reconnaissance d'un Etat palestinien. Washington, qui dispose d'un droit de veto au Conseil de sécurité en tant que membre permanent, s'oppose à une telle initiative. Mahmoud Abbas juge cependant que les Etats-Unis et l'Union européenne se rapprochent désormais des positions palestiniennes. «Le monde commence à évoluer. L'Europe a commencé à évoluer et l'Amérique a commencé à évoluer», a dit le Président de l'Autorité palestinienne dans un discours à l'occasion du sixième anniversaire de la mort de Yasser Arafat, son prédécesseur. «Il est vrai que ce changement en est encore au stade des slogans tels que “Nous soutenons une solution à deux Etats” ou “La création d'un Etat palestinien est d'un intérêt national vital pour la sécurité des Etats-Unis”», a-t-il ajouté. Le fonctionnement de l'Autorité palestinienne dépend en grande partie du soutien financier et diplomatique apporté par les Etats-Unis et l'Union européenne. Sous l'impulsion de Washington, des négociations de paix directes entre Israéliens et Palestiniens ont repris début septembre. Les Palestiniens ont toutefois rapidement suspendu leur participation en raison du refus israélien de prolonger un moratoire sur la construction de nouveaux logements dans les implantations juives de Cisjordanie. Promesse Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dont le gouvernement est dominé par des partis favorables aux colons, a résisté aux pressions internationales en faveur d'un nouveau gel de la colonisation dans des territoires sur lesquels les Palestiniens souhaitent créer un futur Etat. Benjamin Netanyahu se trouve aux Etats-Unis où il devait rencontrer hier la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. Durant cette visite, Israël a annoncé de nouveaux projets immobiliers à Al-Qods-Est et en Cisjordanie, territoires occupés depuis la guerre des Six-Jours en juin 1967. Ces projets ont été vivement dénoncés par les Etats-Unis et l'Union européenne. En réaction, Mahmoud Abbas a relancé l'idée d'une reconnaissance d'un Etat palestinien par le Conseil de sécurité de l'ONU. Les Etats-Unis rejettent cependant ce qu'ils qualifient, avec Israël, d'«initiative unilatérale». «Nous y réfléchissons, nous n'avons pas encore lancé (la procédure) mais cela est perçu comme une initiative unilatérale», a déclaré le Président palestinien. «(Les Israéliens) prennent des initiatives unilatérales tous les jours», a-t-il ajouté en évoquant notamment la colonisation, jugée illégale par la communauté internationale. Dans un discours devant l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, le Président américain Barack Obama a déclaré que la conclusion d'un accord de paix pourrait permettre à un Etat palestinien souverain d'entrer aux Nations unies dès 2011. Rappelant cette déclaration, Mahmoud Abbas a dit: «J'espère qu'il ne s'agit pas seulement d'un slogan et que, le moment arrivé, il ne nous dira pas: “Désolé, on n'a pas réussi. Voyons l'année prochaine”». «Après l'avoir dit devant les Nations unies, c'est une promesse (...) qui doit être réalisée afin que la Palestine devienne un membre à part entière des Nations unies», a-t-il souligné.