Le Temps-Agences - Des dirigeants israéliens ont menacé les Palestiniens de rétorsion s'ils réclament la reconnaissance d'un Etat indépendant sans accord avec Israël, tout en doutant de leur détermination à mettre à exécution un tel projet. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a mis en garde dimanche soir la direction palestinienne contre toute "action unilatérale", sans préciser quelles mesures Israël pourrait prendre, en réponse à la décision des Palestiniens de demander à l'ONU de reconnaître leur indépendance. Les Palestiniens ont l'intention de saisir le Conseil de sécurité de l'ONU afin d'obtenir son soutien en faveur de la création d'un Etat palestinien indépendant dans les frontières de juin 1967. "Toute action unilatérale défiera la trame des accords passés et entraînera des actions unilatérales d'Israël", a toutefois averti Netanyahu, qui a appelé à nouveau l'Autorité palestinienne à reprendre la négociation, stoppée depuis plus d'un an, "sans condition préalable". Plus explicites, des ministres de son parti, le Likoud (droite), ont énuméré toute une série de mesures de rétorsion qu'Israël pourrait prendre, y compris l'annexion unilatérale de blocs de colonies en Cisjordanie. Le ministre de l'Environnement Gilad Erdan a accusé les dirigeants palestiniens de "jouer avec le feu" sur la question d'un Etat indépendant. "Les Palestiniens auraient eux-mêmes beaucoup à perdre en cas de proclamation unilatérale d'indépendance", a ajouté ce proche de Netanyahu. Israël, qui occupe la Cisjordanie, pourrait selon lui rétablir un certain nombre de barrages routiers retirés dernièrement et --plus sérieux-- "procéder à une annexion formelle d'une partie des implantations" juives en Cisjordanie. Selon le ministre travailliste du Commerce et de l'Industrie, Benyamin Ben Eliezer, l'initiative palestinienne "traduit la frustration d'une population qui ne voit pas d'issue à une occupation qui dure depuis près de 43 ans". Du côté palestinien, le porte-parole de M. Abbas, Nabil Abou Roudeïna, a accusé Israël de "chercher des prétextes pour s'opposer à l'établissement d'un Etat palestinien". "La réponse du Premier ministre est un aveu que l'actuel gouvernement israélien ne veut pas la paix", a commenté M. Abou Roudeïna. Hier, l'Autorité palestinienne a sollicité l'appui de l'Union européenne à son projet. "La réponse initiale de l'UE est positive", s'est félicité le négociateur palestinien Saëb Erakat. Le sénateur américain Joe Lieberman, en visite à Al Qods, a prédit que Washington opposerait son veto à toute tentative palestinienne de porter l'affaire devant le Conseil de sécurité --une "perte de temps", a-t-il dit. La relance du processus de paix achoppe sur le contentieux des colonies, les Palestiniens réclamant d'abord un arrêt total des implantations en Cisjordanie occupée (dont Al Qods-est), alors que le gouvernement Netanyahu offre seulement un gel partiel de la construction. Les Palestiniens, qui ont suspendu les négociations il y a près d'un an après des années de tractations infructueuses, accusent les Israéliens d'être les premiers à mener "une action unilatérale" en créant des faits accomplis de colonisation, 500.000 Israéliens s'étant désormais installés en Cisjordanie (dont 200.000 à Al Qods-est).