Le chef de la police nationale a prévenu les partisans de l'opposant Mirhossein Moussavi qu'ils seraient durement réprimés s'ils se joignaient à des rassemblements illégaux. Les manifestations organisées par le gouvernement, que la télévision d'Etat a retransmises en direct, regroupaient des centaines de milliers de personnes qui scandaient des slogans hostiles à Moussavi et à Mehdi Karoubi, candidat modéré à la présidence battu comme lui au scrutin contesté du 12 juin. "Vous devez vous repentir (...) sinon le système vous traitera en ‘‘mohareb'' (ennemi de Dieu)", a déclaré l'imam Ahmad Alamolhoda lors d'un meeting à Téhéran, en adressant ses propos aux dirigeants réformistes. En vertu de la charia (loi islamique), un mohareb encourt la peine de mort. Des drapeaux américains et britanniques ont été brûlés dans la capitale par des groupes qui accusaient Washington et Londres d'ingérence dans les affaires intérieures iraniennes. Selon l'agence officieuse Fars, des militants conservateurs se sont rendus devant l'ambassade de Grande-Bretagne pour scander "l'ambassade britannique doit être fermée". L'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême du pays, a accusé les Occidentaux de fonder leur attitude envers Téhéran sur des "réalités déformées", rapporte l'agence estudiantine Isna. "Ils sont sous l'influence des informations d'agences de presse étrangères et sionistes", a-t-il ajouté. Aucune indication n'a été fournie sur d'éventuelles manifestations de partisans de l'opposition, bien que des sites internet réformistes en aient annoncé pour hier. Les médias étrangers, soumis à des restrictions, ne pouvaient pas rendre compte de tels rassemblements. "Les meneurs doivent être punis" Dimanche, lors des accrochages les plus sanglants observés depuis l'élection présidentielle contestée de juin dernier, huit personnes ont été tuées et une vingtaine de personnalités réformistes — dont trois conseillers de Moussavi — arrêtées. Navi Pillay, haut commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, a exhorté hier le gouvernement iranien à contenir les excès des forces de sécurité du pays, en se déclarant choquée par les violences des derniers jours. L'UE et les Etats-Unis ont condamné les accrochages de dimanche. Sur les images de télévision tournées à travers le pays hier, on voyait des manifestants scander : "Moussavi est responsable du bain de sang (...) Nous soutenons le guide suprême". Certains brandissaient des portraits de Khamenei. Des manifestations analogues avaient eu lieu mardi. "Les meneurs de la sédition doivent être punis. Nous ne resterons pas muets devant les insultes proférées contre la religion", a dit un orateur filmé par la télévision à Téhéran. "Nous avons demandé à l'appareil judiciaire d'arrêter les meneurs de cette sédition", a annoncé le député conservateur Hasan Norouzi sans préciser au nom de combien d'élus il parlait. "Karoubi, Moussavi et tous ceux qui attisent les tensions doivent être arrêtés et jugés." Le neveu de Moussavi, tué dans les affrontements de dimanche, a été enterré hier au cimetière de Behesht-e Zahra, à Téhéran, rapporte l'agence officieuse Fars. "Il n'y a plus de place pour la tolérance envers les individus participant à des rassemblements illégaux", avait déclaré plus tôt le chef de la police nationale. "Ceux qui participent à des rassemblements illégaux seront traités plus durement et l'appareil judiciaire s'occupera d'eux avec plus de détermination", soulignait Esmail Ahmadi-Moqadam selon l'agence officielle Irna. "Certains des manifestants de dimanche sont considérés comme des mohareb et seront traités avec fermeté." Les manifestants progouvernementaux scandaient aussi : "Mort à l'Amérique" et "Mort à la Grande-Bretagne", a rapporté la télévision. L'Iran, en conflit avec l'Occident au sujet de son programme nucléaire, a accusé des puissances étrangères de s'immiscer dans ses affaires, ce qui lui a valu de vigoureux démentis.