Kairouan, lumière de la Tunisie, avez-vous dit ? La vérité se niche peut-être dans cette somptueuse salle du complexe culturel où un public nombreux a vécu, jeudi soir, au rythme du récital de musique soufie "Bouhour Il Ichq" de Khaled Ben Yahia au début duquel M. Mohamed Aboubaker Moflahi, ministre de la Culture du Yémen, a reçu des mains de M. Abderraouf Basti, ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, l'Ecusson de la capitale de la culture islamique étant donné que c'est la ville de Tarim au Yémen qui prend la relève en 2010. Etaient également présents à cette soirée, Messieurs Abdellaziz Othman Touijri (directeur général de l'Isesco), Yassine Barbouche, gouverneur de la région, les cadres régionaux et un grand nombre d'invités. Ensuite, et durant une heure et demie, l'artiste Khaled Ben Yahia a présenté une oeuvre distincte, ouverte et moderne de chant spirituel dont l'objectif est d'encourager la recherche dans le patrimoine chanté, d'affiner le goût artistique, d'enrayer la médiocrité et de promouvoir et de remettre en valeur la musique soufie. Vêtus de tenues traditionnels, les membres de la troupe dont les deux chanteurs "Mouncheds" Abir Nassraoui et Cheïkh Ahmed Jelmam ont executé des chants liturgiques, des ibtihalats, des compositions connues ainsi que des airs puisés dans le patrimoine soufi tunisien, égyptien, marocain et syrien. Avec leurs voix fortes, imposantes et à l'impressionnate étendue, ils ont chanté du plus profond de leur être pour des citoyens avides de musique de haute facture dans une région qui se prévaut d'un patrimoine riche en musique sacrée . En outre, Khaled Ben Yahia a alterné, côté instruments qui font vibrer la sensibilité, les percussions, les violons, le violoncelle, le luth et la contrebasse, ce qui a créé beaucoup de diversité entre traditions orientales et occidentales, entre modernité et patrimoine classique. Il va sans dire que les sept instrumentistes, les jeux de lumière, le choeur des neuf artistes et la distribution musicale de Khaled Ben Yahia ont fait vibrer en chaque spectateur des émotions bouillonnantes d'images spirituelles qui lui ont fait comprendre l'apport du chant soufi aux accents métissés. Interrogé sur la qualité de ce spectacle, Mme Hamida Hlioui, directrice du Conservatoire régional de musique, n'a pas tari d'éloges : "C'est un spectacle de haute facture, notamment au niveau de l'interprétation. Nous avons remarqué une grande harmonie des voix aussi bien dans les chants en groupe que dans les chants en solo, ce qui nous a permis d'apprécier la richesse de la musique spirituelle". Mme Raoudha Blaïech, membre de la Chambre des Conseillers, renchérit : "J'ai beaucoup apprécié l'excellent spectacle de la troupe de Khaled Ben Yahia dont tous les membres ont donné le meilleur d'eux mêmes". En outre, la voix des artistes est illuminée par une si pure sensation de création et est imprégnée d'une envolée radieuse de fluidité et de musicalité… On ne peut donc que saluer l'initiative de ce spectacle de clôture dont les envolées vocales ont été remarquables... A la cité commerciale, nous avons rencontré d'autres gens heureux et nous reconnaissions leurs voix pressantes et complices, cette joie populaire que tout le monde voulait partager pour que Kairouan devienne capitale culturelle éternelle. Et nous sommes sûrs que les doux souvenirs de l'événement "Kairouan, capitale de la culture islamique" dont la lumière multicolore, la sonorité persistante et la précision des contours seront pour chaque invité de la cité d'Okba un refuge intérieur pour son jardin secret.