Jusqu'à hier, Kairouan a abrité la première session du festival international de la musique sacrée et soufie organisé par le commissariat régional à la culture et le comité du festival de la musique sacrée et soufie. Pour M. Abdellatif Romdhani, président du comité d'organisation, le festival a pour objectif d'encourager la recherche dans le patrimoine chanté, de promouvoir et de remettre en valeur la musique soufie et de mieux faire connaître les richesses culturelles et patrimoniales de la cité aghlabide. Festival qui a vu la participation de 8 formations dont 4 sont venues de Libye, de Syrie, d'Indonésie et d'Iran. Cette manifestation, qui sera annuelle, s'est déroulée dans différents espaces, à savoir la place Jraba, Sidi Ben Khoud, Sidi Abid El Ghariani, le mausolée Sidi Sahbi et la salle du complexe culturel Assad Ibn El Fourat. Notons que l'ouverture a eu lieu le 1er août et a comporté tout d'abord l'inauguration d'une exposition collective d'arts plastiques. Ensuite tout le public présent a pu apprécier le spectacle de musique sacrée et soufie d'une troupe de 15 «mounchidins» libyens de différents âges. Vêtus de tenues traditionnelles, ils ont exécuté des chants liturgiques, des ibtihalet, des compositions connues telles que Talaâ El Badrou Alayna et Imam El Rossol ainsi que des airs puisés dans le patrimoine soufi libyen. En outre, les artistes ont pu extérioriser leurs dons à travers des instruments qui font vibrer la sensibilité, à savoir le qanoun, la flûte et le bendir. Le chant indonésien : charme et élégance La deuxième partie de la soirée a été consacrée à la troupe indonésienne «Sangarteni» dont les 25 membres, jeunes filles et jeunes hommes, ont séduit le public présent avec leurs costumes traditionnels aux couleurs chaudes, leur danse utilisée comme moyen d'enseigner les valeurs islamiques à travers des paroles chantées pendant la danse, leurs poèmes chantés qui contiennent des psalmodies et des louanges au Prophète Mohamed, des contes et des récits religieux. A côté des sons de battements de mains, des tapes aux poitrines ou des mains frappant le sol, on a admiré les petits tambours à main à deux faces et d'autres instruments faits de bambou, outre les instruments de percussion, la basse et la contrebasse. Avec leurs voix fortes, imposantes et aux étendues immenses, ils ont chanté du plus profond de leur être, pour de nombreux citoyens avides de musique de haute facture dans une région qui se prévaut d'un patrimoine riche en musique sacrée. Abderrahim Hendaoui, jeune actif dans la vie associative. n'a pas tari d'éloges : «C'est un spectacle de haute facture, notamment au niveau de l'interprétation. Nous avons remarqué une grande harmonie des voix aussi bien dans les chants en groupe que dans les chants en solo, ce qui nous a permis d'apprécier la richesse artistique de la musique spirituelle...». Son ami Mohamed Rammah renchérit : «Les spectacles de ce soir ont fait vivre en moi des émotions bouillonnantes d'images spirituelles qui m'ont fait comprendre ce qu'apporte le chant soufi. En outre, la voix des artistes est illuminée par une si pure sensation de création et est imprégnée d'une envolée radieuse de fluidité et de musicalité. On ne peut donc que saluer l'initiative d'instituer ce festival dans ce monde agité où les gens ont de plus en plus besoin de spiritualité...» Les prochaines sessions seront certainement plus riches et plus colorées