• La Chine dit agir en «puissance responsable» SEOUL (Reuters) - Le chef des services de renseignement sud-coréens était conscient dès août dernier des projets agressifs de Pyongyang et reste convaincu que le Nord communiste mènera de nouvelles attaques contre la Corée du Sud. «Il y a une forte probabilité que le Nord attaque de nouveau», a déclaré hier Won Sei-hoon, directeur du National intelligence service, à une commission parlementaire. Le ministre de la Défense, Kim Tae-young, a également évoqué une "grande possibilité" que le Nord se livre à une nouvelle provocation, alors que des manoeuvres aéronavales conjointes américano-sud-coréennes se sont achevées en mer Jaune mais que d'autres sont prévues dès la semaine prochaine. Won a précisé que des écoutes avaient montré dès le mois d'août que Pyongyang préparait une attaque au large de la côte occidentale de la péninsule afin de faciliter le passage de pouvoir entre Kim Jong-il, le numéro un nord-coréen à la santé chancelante, et son fils, rapporte l'agence de presse sud-coréenne Yonhap. «En août de cette année, nous avons confirmé grâce à nos écoutes le projet de la Corée du Nord d'attaquer cinq îles de la mer Jaune», a dit Won Sei-hoon. «Nous ne pensions quand même pas pas qu'ils allaient bombarder des civils, parce que la Corée du Nord est coutumière de ce genre de menaces». Won a précisé que le bombardement par l'artillerie nord-coréenne de l'île de Yeonpyeong le 23 novembre, qui a fait quatre morts dont deux civils, s'inscrivait dans le cadre de la succession du numéro un de Pyongyang, alors que la situation économique de la Corée du Nord s'aggrave de plus en plus. Cette opération aurait eu pour but, selon plusieurs experts, d'inciter la communauté internationale à reprendre les négociations sur l'aide à la Corée du Nord et de démontrer la détermination politique du successeur potentiel de Kim Jong-il, son fils Kim Jong-un. Alliée traditionnelle de Pyongyang, la Chine, qui a refusé de condamner à l'ONU l'attaque de l'île sud-coréenne, a souligné hier qu'elle ne prendrait pas parti dans cette querelle diplomatique et qu'elle voulait aider à la résoudre en tant que «grande puissance responsable». Pékin a protégé la Corée du Nord d'une condamnation officielle au Conseil de sécurité de l'Onu en bloquant deux textes qui dénonçaient le programme d'enrichissement de l'uranium nord-coréen et le bombardement de l'île de Yeonpyeong. Le climat reste très tendu dans la péninsule et Séoul a annoncé de nouveaux exercices militaires en mer Jaune, pour se préparer «à toute nouvelle éventuelle provocation de la Corée du Nord». A l'ONU, Pékin a insisté pour retirer certains termes et phrases des deux textes soumis par la France et la Grande-Bretagne. Paris, Londres, Washington, Séoul et Tokyo voulaient que la Corée du Nord soit explicitement «condamnée» et parlaient de «violation» des résolutions du Conseil. Concernant la mer Jaune, la France et la Grande-Bretagne souhaitaient que le Conseil stipule sans équivoque que le Nord avait attaqué le Sud. Une majorité des quinze pays membres du Conseil ont jugé la formulation acceptable mais la Chine s'y est opposée. «La Chine a demandé à enlever les mots “condamner” et “violation” et à ne pas mettre en cause la Corée du Nord», a expliqué un diplomate. «La Chine se révèle de plus en plus difficile sur nombre de dossiers», a-t-il ajouté en citant également le Soudan ou la Birmanie. Pékin a dit agir dans le seul intérêt général. «Notre objectif est que toutes les parties agissent dans le calme et la retenue et fassent tous les efforts pour éviter que de tels incidents se répètent», a dit le ministre chinois des Affaires étrangères, Yang Jiechi. «La Chine décide sa position en fonction de chaque affaire et ne cherche à protéger personne», a-t-il ajouté. Le Japon a refusé mardi la reprise des négociations à six, que réclament la Chine et la Corée du Nord. Alors que s'achevaient des manoeuvres conjointes avec les Etats-Unis, Séoul a déclaré que des manoeuvres d'artillerie auraient lieu à partir de lundi, «y compris dans des eaux proches de la frontière en mer Jaune», rapporte l'agence Yonhap. Ces exercices au large de la côte ouest de la péninsule n'auront pas lieu près de l'île de Yeonpyeong. Ils ont pour but de «renforcer les préparations défensives à toute nouvelle éventuelle provocation de la Corée du Nord», ont déclaré des responsables sud-coréens cités par Yonhap. Le président Lee Myung-bak, critiqué en Corée pour s'être montré trop faible lors de l'attaque de Yeonpyeong, a mis en garde Pyongyang à deux reprises ces derniers jours. Le porte-avions américain à propulsion nucléaire George Washington, qui a participé aux exercices navals en mer Jaune, quittait hier les eaux territoriales sud-coréennes. La marine américaine a entrepris de livrer du carburant d'avion du Japon à la Corée du Sud hier, assurant que cette livraison de 30.000 tonnes d'essence au moins était routinière. Des spécialistes du marché affirment que les livraisons de carburant d'avion à la Corée du Sud sont rares et que cela a un lien avec le repositionnement des navires de l'US Navy.