• Pyongyang menace Séoul de nouvelles attaques en cas de «provocation» SEOUL (Reuters) — La tension demeurait forte hier dans la péninsule coréenne malgré les appels à l'apaisement lancés à la fois par les alliés de la Corée du Sud et par la Chine, un des rares soutiens dont dispose la Corée du Nord. Deux jours après les tirs d'artillerie nord-coréens contre une île sud-coréenne qui ont causé mardi la mort de deux civils et de deux militaires, Pyongyang a menacé Séoul de nouvelles attaques en cas de "provocation" supplémentaire. De son côté, la Corée du Sud a annoncé qu'elle allait renforcer sa présence militaire sur l'île de Yeonpyeong et qu'elle entendait profiter des manoeuvres navales prévues en mer Jaune avec les Etats-Unis à partir de dimanche pour envoyer un message clair à sa voisine. Ces exercices militaires conjoints sont vus d'un mauvais oeil par la Chine qui estime qu'ils sont de nature à menacer sa sécurité ainsi que la stabilité régionale. En août, Pékin avait jugé que l'envoi du porte-avions nucléaire George-Washington en mer Jaune était de nature à nuire aux relations sino-américaines à long terme. Le ministre sud-coréen de la Défense, Kim Tae-young, a présenté sa démission au Président Lee Myung-bak, qui l'a acceptée, "dans le but d'assainir le climat régnant au sein de l'armée et de gérer la série d'incidents". L'intéressé avait offert de quitter le gouvernement en mai, au lendemain de la mort des 46 marins de la corvette "Cheonan" coulée, selon Séoul, par une torpille nord-coréenne en mer Jaune. Utilisant cette fois une rhétorique moins forte, le ministère chinois des Affaires étrangères a précisé être en contact avec les Etats-Unis à propos des tensions régnant entre les deux Corées. Un porte-parole a indiqué que la reprise des négociations à six sur la dénucléarisation de la Corée du Nord constitue une nécessité "urgente" et a appelé toutes les parties en présence "à faire plus pour apaiser" la situation. Pour l'instant, ces appels au calme n'ont pas été entendus, puisque Séoul a ordonné le déploiement de renforts militaires sur des îles proches de la Corée du Nord tandis que Pyongyang a évoqué la possibilité de nouvelles attaques. "(La Corée du Nord) déclenchera une deuxième et même une troisième salve d'attaques sans la moindre hésitation en cas de nouvelle provocation militaire inconsidérée de la part des bellicistes de Corée du Sud", a prévenu l'armée nord-coréenne dans un communiqué repris par l'agence officielle de presse KCNA. Séoul exige des excuses D'après les médias sud-coréens, les tirs d'artillerie ont probablement été effectués sur ordre personnel du dirigeant nord-coréen Kim Jong-il dans le but de renforcer la position de son fils et probable dauphin Kim Jong-un au sein de l'armée. Kim et son fils ont visité une base militaire située sur la côte quelques heures avant que soient effectués les tirs visant l'île de Yeonpyeong située à proximité de la frontière maritime contestée entre les deux Etats, rapporte la presse sud-coréenne. Le bombardement de mardi est le plus lourd subi par la Corée du Sud depuis la fin de la guerre de Corée en 1953. Le chef de l'Etat sud-coréen Lee Myung-bak a présidé hier matin une réunion extraordinaire au cours de laquelle a été décidé un renforcement de la présence militaire sur des îles de mer Jaune proches de la frontière avec la Corée du Nord. Séoul étudie également plusieurs mesures visant Pyongyang qu'il souhaite proposer au Conseil de sécurité des Nations unies, a annoncé un porte-parole du ministère sud-coréen des Affaires étrangères. Lors d'une séance plénière jeudi, le Parlement sud-coréen a adopté à une majorité écrasante une résolution condamnant la Corée du Nord sans toutefois appeler à des représailles. Par 261 voix pour, une contre et neuf abstentions, les parlementaires ont adopté cette motion qui condamne la Corée du Nord pour violation de la charte de l'Onu et des accords entre les deux pays. La résolution demande à Pyongyang de présenter des excuses et appelle le gouvernement sud-coréen à prendre des mesures fermes et rapides pour prévenir toute nouvelle provocation de la part du Nord. La Corée du Sud a aussi exprimé l'intention d'engager un dialogue constructif avec la Chine pour qu'elle use de son influence auprès du régime nord-coréen. "Si la Chine ne fait pas publiquement pression sur la Corée du Nord, les provocations nord-coréennes vont se poursuivre", écrit le quotidien sud-coréen Chosun Ilbo. "Si la péninsule coréenne s'enflamme, c'est la prosperité chinoise qui en sera affectée".