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Opération reconquête
Coupe de Tunisie—Huitièmes de finale
Publié dans La Presse de Tunisie le 05 - 12 - 2010

Eviter de subir la pression est quelque chose de difficile dans le football, comme dans la vie du reste. Mais le Club Africain et l'Etoile ont trop vu et trop vécu pour pouvoir s'en démarquer même quand les exigences deviennent lourdes à supporter
Le football est avant tout une question de terrain. L'histoire l'a souvent démontré. Mais c'est aussi une question de mentalité et d'état d'esprit. Jouer au Club Africain ou à l'Etoile en donne davantage de réflexion. Encore une fois, le mythe du choc qui opposera cet après-midi les deux équipes pour le compte des 8es de finale de la Coupe de Tunisie ne peut que confirmer l'idée qui fait du football une "affaire" de motivation. L'esprit du jeu serait-il cependant de nature à changer? A prendre de nouvelles approches, une autre dimension? La civilisation du football restera toujours, aussi bien pour le CA que pour l'ESS, l'incarnation d'un moment historique.
Dans ce genre de confrontation, on aurait assurément besoin d'une autre force, d'un pouvoir de résolution, ne serait-ce que pour rendre les choses à leur juste valeur et à faire en sorte qu'elles soient détachées de tout ce qui est de nature à les conditionner outre mesure.
Au fait, l'attraction de ce genre de match ne sera pas seulement le résultat, ni encore le rendement sur le terrain. C'est une philosophie dans le jeu, une source de libération, d'épanouissement. Une vocation, une morale. On voit rarement des équipes en disposer. Quelque part, il y a de la virtuosité. Une sorte d'éthique qu'on essaie de préserver indépendamment de toutes autres considérations.
Le choc de ces 8es de finale, c'est l'impeccable spontanéité du geste, le football bonheur. Nous pensons que les joueurs sur le terrain auraient besoin à la fois d'un style de jeu et d'un mode de comportement. Ce genre de confrontation ne peut pas, ne doit pas se suffire à l'euphorie.
Mais, c'est au fait un penchant parfois inexplicable pour la manière plus que pour le résultat…Pour les uns comme pour les autres, ce genre de rendez-vous est une responsabilité avant d'être une opportunité et que pour pouvoir y réussir, il faudrait nécessairement placer le contexte dans le jeu et non pas dans l'enjeu.
Il faut dire cependant qu'éviter de subir la pression est quelque chose de difficile dans le football, comme dans la vie du reste. Mais le Club Africain et l'Etoile ont trop vu et trop vécu pour pouvoir s'en démarquer même quand les exigences deviennent lourdes à supporter. Il faut dire que la vérité à laquelle peuvent s'exposer les deux équipes dans ce genre de match et celle du terrain, ça fait une.
Dans l'absolu, ça peut paraître difficile à concevoir, mais dans les faits plus que jamais nécessaire, voire impératif. Au-delà de tous les écarts, au-delà de tous les excès, dans le bon ou le mauvais sens, il restera encore et toujours cette faculté de recherche permanente de renaissance et d'enthousiasme.
La confrontation de cet après-midi est une nouvelle phase. Elle ne saurait ressembler à ce qui avait précédé. Il y a comme une sorte de motivation nouvelle. Pour autant, la confirmation que les deux équipes cherchent à avoir à l'occasion passe inéluctablement par ce genre d'épreuve. Elle devrait servir à chasser le doute et surtout remettre chacun à sa place.
Il faut voir, et bien sûr imaginer, comment deux équipes, comme le CA et l'ESS, vivent ce choc au moment où elles ont quelque part les mêmes soucis. Comment parviendraient-elles à optimiser leur centre d'intérêt pour donner sens et signification à tout ce qu'ils sont censés entreprendre sur le terrain. Leurs objectifs, leurs ambitions seront indexés en termes de comportement et de conviction.
Une pareille option serait-elle suffisamment logique à partir du moment où l'exigence et la contrainte du résultat imposent, peut-être, l'émergence d'un comportement particulier, de priorités spéciales ? Parviendraient-elles à se protéger de tous les écarts, de tous les conditionnements ?
Elles peuvent assurément aller très loin dans le choc de cet après-midi, aussi loin que pourrait leur permettre leur intérêt pour le jeu, pour l'inspiration, pour la créativité. Une façon bien particulière pour se relancer, enchaîner, ne plus douter. Ici et là, il y a comme un pouvoir assez particulier de séduction. Dans toutes les palettes des couleurs, voilà deux équipes qui renvoient l'image de pouvoir et de vouloir se transcender, ajouter une dimension à leur valeur en dépit de tout ce qu'elles peuvent rater, ou même gâcher...


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