Nouakchott, capitale de la Mauritanie, a vécu il y a une semaine, un événement important, il s'agit de la 5e édition de la Senaf (Semaine nationale du film) au cours de laquelle on a rendu hommage au cinéma tunisien et au fondateur des Journées Cinématographiques de Carthage, feu Tahar Cheriaa Cet événement qu'est la Senaf, est considéré comme très important parce qu'il n'y a quasiment pas d'activités culturelles en Mauritanie. Ahmed Hamza, le président de la communauté urbaine de Nouakchott, avoue qu'une ville sans culture est une ville sans âme. «C'est par la culture que nous exprimons la richesse de notre savoir, de notre savoir-faire, de nos valeurs, de notre histoire», a-t-il dit lors de la cérémonie d'ouverture. Il a ajouté que «la culture du cinéma est la conjugaison de la créativité, de l'art et de la beauté, du passé, du présent et de l'avenir. Elle sert de pont entre les communautés et de repères pour nos jeunes». D'ailleurs, ces jeunes n'ont raté aucune séance de projection. Ils étaient même venus nombreux aux ateliers de formation dans le domaine du documentaire, du scénario, de l'adaptation, de la photo et du documentaire créatif. Tout s'est passé sous les tentes, dans ce qu'on appelle «le village». Ce dernier n'est autre que l'espace de la diversité culturelle et écologique, dirigé par une jeune dame qui milite pour la protection de l'environnement et les droits de la femme. Le 25 novembre, c'est-à-dire deux jours après l'ouverture, une rencontre a eu lieu autour du cinéma tunisien. Des formateurs tunisiens en matière de scénario et de documentaire ont résumé l'histoire de notre cinéma, en insistant sur les tournants les plus importants et sur le ton qui le spécifie grâce à l'influence du théâtre. Un volet de la conférence a été consacré à l'expérience du cinéma amateur en Tunisie. L'audience était très intéressée, et il semblait que les Mauritaniens étaient prêts à prendre le cinéma tunisien comme modèle pour nourrir le leur qui ne demande qu'à voir le jour. Les films produits par la Maison du cinéma à Nouakchott en 2010, et qui faisaient partie des compétitions du film documentaire et de «parlez- vous la langue de l'image» annoncent déjà la naissance d'un cinéma réaliste préoccupé par la vie sociale en Mauritanie. La qualité de l'image de ces courts et moyens métrages importait peu par rapport aux propos parfois poignants. De toutes façons, l'équipe dynamique et créative de la maison du cinéma est là pour aider les jeunes cinéastes à améliorer leurs connaissances en matière technique. Une école verra bientôt le jour, et le fondateur Abderrahmane Ahmed Salem a réussi à fidéliser des formateurs arabes et européens prêts à aider à la création d'un cinéma et d'une cinéphilie mauritaniens.