Le secteur du textile-habillement est appelé aujourd'hui à faire face à un ensemble de défis. L'objectif étant de monter en gamme, de faire face à la concurrence et de se positionner en tant que fournisseur privilégié des nouveaux marchés. Pour réaliser tous ces objectifs, il serait essentiel de revoir les spécificités de base d'un secteur qui, le moins qu'on puisse dire, est un secteur phare de l'industrie tunisienne. Cette révision de fond spécifie surtout la nécessité d'une mutation de l'activité textile-habillement pour passer de la sous-traitance à la cotraitance et au produit fini. Pour ce faire, plusieurs mécanismes ont été mis en place par l'Etat et les structures spécialisées. Des mécanismes qui visent, dans leur ensemble, à accompagner le professionnel dans une démarche basée sur l'innovation et l'amélioration de la qualité. C'est conformément à cette logique que le Centre technique du textile, Cettex, a démarré, en collaboration avec l'Ecole française des métiers de la mode Mod'Spé Paris, un cycle de formation dans trois spécialités qualifiées de nécessaires pour réussir la transition du secteur. Il s'agit du lancement d'une école des métiers de la mode au centre technique. Ce projet, qui mobilisera quelque 400 000 dinars de la part de chacun des partenaires et s'étalera sur trois années, vise, à travers la réalisation de trois parcours modulaires qualifiants ( chef de produit, styliste industriel et modéliste industriel), à assurer la formation des compétences techniques spécialisées dans les nouveaux métiers de la cotraitance et du produit fini. Spécialités qui font actuellement défaut à la mutation du secteur. Le premier cycle de formation pour le métier «chef de produit» a démarré au Cettex le 15 février dernier. La formation s'étendra sur neuf mois dont deux en entreprise. Elle sera dispensée par des équipes d'experts de Mod'Spe et du Cettex. Ainsi et à l'occasion du démarrage effectif de cette école des métiers de la mode au Cettex, une conférence de presse a été organisée mardi à Tunis, en présence notamment de M.M Néjib Karafi, directeur du Cettex, Pierre Mocho, président de l'UFIH ( Union française des industries de l'habillement), président de la fédération du prêt-à-porter féminin et président de Mod'Spè Paris et René Mardellat, directeur général de Mod'Spé Paris. Innovation et créativité Le DG du Cettex a précisé, lors de cette rencontre, que cette «école permettra de répondre aux besoins des entreprises dans des spécialités bien déterminées et d'aider celles qui veulent franchir le pas et passer de la sous-traitance à la cotraitance et au produit fini». Il a souligné par ailleurs que «c'est le début d'un partenariat qui se couronnera peut-être par la création d'un institut tunisien des métiers de la mode». «Nous avons besoin de partenaires tunisiens dans certains créneaux privilégiés afin de développer le marché intérieur et d'aller plus loin vers l'exportation», a souligné de son côté M.Pierre Mocho. Ajoutant qu'il est primordial à ce propos de faire émerger une génération de créateurs tunisiens. De son côté, M.Renné Mardellat a souligné que «l'industrie tunisienne est forte par sa réactivité, facteur central pour le développement de la mode autant française que tunisienne». Concernant l'intervention de Mod'Spé dans le cadre de cette coopération bilatérale, il a précisé que «dans un premier temps une enquête a été menée auprès des industriels tunisiens afin d'identifier leurs besoins et leurs attentes en matière de compétences». Le premier besoin identifié se rattache au produit. Il est question surtout d'être capable de satisfaire une clientèle internationale et d'être capable de produire des collections. Ce besoin se révèle ainsi être un besoin en compétences créatives, d'où la mise en place du premier parcours modulaire qualifiant, «PMQ», celui de styliste industriel. Toutefois, la création doit absolument être associée à une technique bien maîtrisée, a encore ajouté M.Mardellat d'où le second PMQ de modéliste industriel. Le rôle de ce parcours consiste à traduire les idées du styliste en produit fabricable qui réponde aux contraintes de l'outil de fabrication. Le troisième métier identifié comme nécessaire par les spécialistes est celui de chef de produit, qui joue le rôle de coordinateur entre l'industriel et les acheteurs éventuels. Il s'agit de mettre en scène le produit, d'aller dans les manifestations spécialisées et de maîtriser parfaitement les besoins du marché.