S'étendant sur 4 jours, du 9 au 12 décembre, la 3e édition des Rencontres du cinéma indépendant américain, ou Views of America, a été inaugurée jeudi soir par La mission de Peter Bratt. Une séance d'ouverture qui n'a pas pu échapper aux problèmes techniques, retardant le passage du film de 20h30 à 22h00. Et le public n'était pas au bout de ses surprises, puisqu'il lui a été annoncé, quelques minutes à peine avant la projection et avec la prière de rester quand même, que la copie est en version originale non sous-titrée. On n'avait donc qu'a rassembler nos bribes de connaissances en langue anglaise pour pouvoir suivre les personnages qui, pour couronner le tout, s'exprimaient en argot américano-hispanique. La mission, d'une durée d'1 heure 53 minutes, a fait partie de la sélection officielle 2010 du Festival du film de Sundance, dont l'institution organisatrice, le Sundance Institute, est, à partir de cette année, partenaire de Views of America. Le film porte, en fait, le nom de l'endroit où l'histoire se déroule. La mission est un quartier latin, un ghetto de chicanos où la vie est à la croisée des chemins entre l'identité mexicaine et la culture américaine. Parmi ses habitants de longue date, figure Che, un ancien détenu qui passe son temps entre son travail de conducteur de bus, ses amis, son fils adoré et sa passion pour les anciennes voitures. Tout bascule le jour où il découvre l'homosexualité de son fils, en qui il voyait sa continuité. Ce conflit de générations est peint sur l'arrière-fond d'une micro-société en mutation, qui n'arrive pas encore à se débarrasser de fléaux, comme la pauvreté et la violence. L'harmonie apparente de La mission est souvent déchirée par des coups de feu. Le fils de Che ne sera pas épargné. Une dure épreuve qui va secouer cet homme solide comme un roc de l'intérieur et qu'il va essayer de surmonter avec l'aide de Lena, la nouvelle voisine à laquelle il n'est pas indifférent. La mission filme autrement, ni à la manière d'Hollywood ni à la façon d'une telenovela, une Amérique souvent reléguée au second plan, celle des minorités tiraillées entre leur respect et leur fidélité pour leur culture d'origine, et entre ce que leur impose l'intégration dans le pays des grands rêves et de la fusion culturelle. Comme les autres films de la programmation de Views of America, il évoque, sans grande prétention, le thème du passage à l'âge adulte.