• 20% du volume global du commerce extérieur arabe s'effectue avec le Japon, troisième grand partenaire commercial • Partenariat stratégique fondé sur des axes adaptés aux priorités du développement arabe • Adoption d'une stratégie arabe unifiée des eaux • Rôle du secteur privé dans l'instauration d'un partenariat structuré • Faire de la Tunisie une destination industrielle et une base technologique • Tunisie-Japon : le pôle technologique de Borj Cédria, un des fruits de la coopération bilatérale M. Mohamed Ghannouchi, Premier ministre, a mis l'accent sur les multiples opportunités de coopération et de complémentarité existant entre les pays arabes et le Japon, compte tenu des ressources humaines et naturelles que recèle le monde arabe et des stratégies adoptées en vue de relever le défi du développement économique et du progrès social. Il a indiqué que le Japon occupe une place privilégiée sur la scène mondiale et a engrangé des réalisations et des succès brillants dans de nombreux domaines stratégiques, relevant que ce pays est animé par la volonté d'approfondir la coopération et le partenariat avec le monde arabe. Présidant, hier, à Gammarth, l'ouverture des travaux du deuxième Forum économique arabo-japonais, en présence de plusieurs hauts responsables politiques, de promoteurs, d'hommes d'affaires et de compétences dans divers domaines du Japon et des pays arabes, le Premier ministre a affirmé que cette manifestation constitue une occasion d'évaluer les pas franchis sur la voie de l'enrichissement de la coopération arabo-japonaise dans un monde qui connaît des mutations rapides et des défis à tous les niveaux. Il a passé en revue, à ce propos, les potentialités existant dans les pays arabes qui comptent 350 millions d'habitants dont 60 % de jeunes, soulignant la disponibilité d'un nombre accru de compétences dans tous les domaines, outre l'existence de ressources énergétiques considérables et de vastes terres arables ainsi que d'un grand marché en constant développement. Le Premier ministre a évoqué, par ailleurs, le souci des pays arabes de restructurer leurs économies et d'entreprendre des réformes, en vue de renforcer la position du secteur privé et de l'investissement, outre leur intégration accrue à l'environnement économique régional et international, à travers la conclusion d'accords de libre-échange avec les pays, groupes et espaces économiques en Afrique, Europe, Asie et Amérique. M. Ghannouchi a avancé, à ce propos, que le Japon offre de larges perspectives pour le renforcement de la coopération et du partenariat avec le monde arabe, eu égard à ses ressources humaines et économiques. En effet, ce pays qui compte 125 millions de personnes dispose d'un PIB de 5 mille milliards de dollars et est à l'avant-garde sur la scène internationale dans les domaines scientifiques, technologiques et du savoir, outre son positionnement géographique privilégié. Il a mis en exergue l'importance des relations de coopération et de partenariat entre les pays arabes et le Japon, étant donné que 20 % du volume global du commerce extérieur arabe (plus de 119 milliards de dollars par an) s'effectue avec ce pays ami, ce qui en fait le troisième grand partenaire commercial. De plus, les investissements japonais avec le monde arabe dépassent actuellement 4 milliards de dollars. « Rareté extrême des eaux » La garantie des fondements de l'efficacité et de la rentabilité de la coopération arabo-nippone au présent et au futur ainsi que de la réciprocité des bénéfices sur les court et long termes nécessitent l'instauration d'un partenariat stratégique fondé sur des axes adaptés aux priorités du développement dans les pays arabes, a fait remarquer le Premier ministre. Il a mis l'accent sur les questions fondamentales inscrites à l'ordre du jour du forum, précisant qu'elles figurent au centre des préoccupations des pays arabes, à l'instar de la problématique de la disponibilité des ressources hydriques d'autant que les habitants du monde arabe qui représentent 5% de la population mondiale, ne détiennent que 0,1 % des ressources renouvelables d'eau douce dans le monde. Les études montrent, a-t-il précisé, que le monde arabe sera confronté dans les prochaines années à une situation de "rareté extrême des eaux" avec une baisse de la part annuelle d'eau disponible par habitant à moins de 500 m3, soit moins d'un dixième de la moyenne annuelle mondiale, estimée à 6 000 m3 d'eau disponible par habitant. M. Ghannouchi a indiqué que cette problématique est liée au phénomène des changements climatiques qui ont un impact sur les pays arabes, d'autant que ces pays se trouvent dans la zone la plus aride dans le monde et que 70 % de leurs superficies sont constituées de terres désertiques. Il a souligné la nécessité d'accélérer l'adoption d'une stratégie arabe unifiée des eaux, de développer la mobilisation des ressources hydriques, de rationaliser la consommation dans ce domaine, d'intensifier le dessalement des eaux saumâtres, outre le doublement des efforts en matière de lutte contre les changements climatiques et la désertification et de conservation du sol et de la biodiversité. Des potentialités importantes Il s'agit, a-t-il noté, de priorités nécessitant aussi bien de ressources financières importantes que la mobilisation de compétences nécessaires et des technologies de pointe adaptées, mettant en relief l'importance de la consolidation de la coopération avec le Japon dans certains secteurs, à l'instar des énergies renouvelables. Il a rappelé que les pays arabes recèlent d'importantes potentialités, notamment en matière d'énergies solaire, éolienne et géothermique. Il a affirmé que le développement de l'énergie atomique à des fins pacifiques constitue l'un des axes de la coopération escomptée entre les pays arabes et le Japon, outre le renforcement du partenariat dans le domaine des technologies de l'information et de la communication et dans les secteurs à contenu technologique, compte tenu de leur rôle dans la consolidation des bases de l'économie du savoir, l'accélération de la croissance et l'ouverture de nouvelles perspectives en matière d'emploi devant les diplômés de l'enseignement supérieur. Il a mis l'accent sur le rôle fondamental du secteur privé dans l'instauration d'un partenariat structuré permettant d'exploiter les avantages comparatifs des deux parties, de développer les échanges commerciaux et de compétences, de favoriser le transfert du savoir-faire et de réaliser des projets mixtes. Intelligence, innovation et création M. Ghannouchi a, encore, évoqué les efforts déployés par la Tunisie en vue de mobiliser toutes les potentialités disponibles, dans l'objectif d'accélérer le rythme de développement et de progrès et d'interagir avec les mutations sur la scène internationale, de manière à approfondir la réforme et le progrès dans tous les domaines. La Tunisie a intégré parmi ses priorités, a-t-il poursuivi, le renforcement du contenu en savoir et technologique de l'économie nationale, de manière à développer la structure de la croissance et à favoriser l'adaptation à la révolution technologique enregistrée dans le monde, en se basant essentiellement sur les facteurs de l'intelligence, de l'innovation et de la création. Il s'agit, en outre, d'intégrer l'économie nationale dans l'environnement régional et international et de renforcer les relations de coopération et de partenariat avec les différents pays frères et amis, les groupements et les espaces économiques. Le Premier ministre a relevé que les efforts ont été axés sur la promotion des ressources humaines, qui constituent la richesse essentielle de la Tunisie, par le biais du renforcement de la qualité du système éducatif et de formation, l'amélioration de son rendement et la valorisation des compétences à travers la mise à niveau de ces systèmes. Il s'agit, à ce niveau, de promouvoir de nouvelles spécialités, de s'adapter à l'évolution du tissu économique, social et culturel et du développement de la codiplômation entre les établissements universitaires et les institutions similaires dans les pays avancés, outre la conclusion d'accords sur le co-encadrement des thèses de doctorat. M. Ghannouchi a, aussi, affirmé le souci de renforcer les capacités propres pour la promotion de la recherche scientifique et de l'innovation technologique ainsi que de faire de la Tunisie une destination industrielle et une base technologique, à travers le relèvement progressif des crédits alloués à ce secteur et le renforcement des incitations octroyées aux entreprises, en vue d'impulser la recherche- développement. Coopération entre les universités tuniso-japonaises Le Premier ministre a fait remarquer que la stratégie de dynamisation du système de la recherche scientifique est axée sur certains domaines prioritaires dont les énergies renouvelables en vue de réaliser les objectifs fixés et notamment l'augmentation de la production de l'électricité à partir des énergies renouvelables de 144 mégawatts en 2010 à 1.000 mégawatts en 2016, soit environ 16 % de l'énergie électrique. Il a souligné le souci de relever le défi du développement de la production des énergies éolienne et solaire dans le cadre d'une stratégie fondée sur la promotion des compétences dans ce domaine, notant que huit écoles supérieures garantissent actuellement la formation dans les spécialités dont le pays aura besoin dans les prochaines années. Il a mis l'accent sur l'importance qu'accorde la Tunisie au renforcement des relations de coopération avec les pays frères et amis et notamment le Japon, à la faveur de la dynamique enregistrée au niveau de cette coopération depuis la visite effectuée par le Chef de l'Etat à Tokyo en 1996. Il a fait remarquer que le pôle technologique de Borj Cedria constitue l'un des fruits de la coopération et du partenariat avec le Japon, outre la contribution de ce pays à la réalisation d'une centrale thermosolaire pilote à El Borma au Sud et au projet de dessalement des eaux à Ben Guerdane. Il a, également, évoqué la coopération entre les universités des deux pays, ce qui a permis à des étudiants tunisiens de poursuivre leurs études supérieures au Japon, rappelant que la création d'une antenne de l'université japonaise "Tsukuba" en Tunisie en 2006 est de nature à ouvrir de larges perspectives à la coopération scientifique et technologique avec la Tunisie ainsi qu'avec les pays arabes et africains. M. Ghannouchi a, enfin, appelé à redoubler d'efforts en vue d'ouvrir de nouvelles perspectives à la coopération et de la développer sur la base de la complémentarité et au service des intérêts communs.
