KABOUL (Reuters) — Des émissaires de paix afghans sont attendus cette semaine au Pakistan pour évoquer les perspectives d'un règlement de paix en Afghanistan, où les autorités d'Islamabad joueront nécessairement un rôle crucial. Conduite par l'ancien président afghan Burhanuddine Rabbani, la délégation du Haut Conseil de paix mis en place par le Président actuel Hamid Karzaï rencontrera notamment le Président pakistanais Asif Ali Zardari. Fréquemment accusé par Kaboul d'alimenter l'insurrection des talibans pour contrer l'influence régionale de l'Inde rivale, le Pakistan est considéré par les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux comme un acteur clé sur la scène afghane. Selon Wahid Omer, porte-parole de Karzaï, les émissaires afghans feront le point de la situation avec leurs interlocuteurs pakistanais et solliciteront leur aide, mais il ne serait pas question qu'ils rencontrent des responsables des talibans. "Comme le Pakistan a de l'influence auprès des talibans et d'autres éléments anti-gouvernementaux qui sont afghans, ces contacts peuvent être productifs pour le processus de paix", a-t-il assuré. Le Pakistan était l'un des rares pays qui soutenait le régime des talibans jusqu'à son renversement par les forces internationales, fin 2001, dans la foulée des attentats du 11 septembre à New York et Washington. La plupart des dignitaires talibans, dont leur chef, le mollah Mohammad Omar, ont fui au Pakistan. Les Etats-Unis font pression sur le gouvernement d'Islamabad, leur allié régional dans la "guerre contre le terrorisme", pour qu'ils traquent les éléments armés afghans qui se réfugient sur le territoire pakistanais. Le Haut Conseil de paix afghan a été mis sur pied par Karzaï en octobre avec pour objectif d'intégrer les talibans de base dans le processus de paix et d'ouvrir la porte d'un exil étranger à leurs dirigeants jugés "irrécupérables". Karzaï est en contact avec ces derniers depuis déjà deux ans mais, selon des sources afghanes et occidentales, il n'y a eu aucune négociation sérieuse entre les deux parties, seulement des "pourparlers à propos de possibles pourparlers". Les talibans ont fait savoir à maintes reprises qu'il n'y aurait pas de pourparlers tant que les troupes étrangères n'auraient pas quitté le pays, ce qu'elles se proposent de commencer à faire lorsque le régime afghan pourra assurer seul sa sécurité. Il s'est fixé la fin 2014 comme ambitieuse échéance. L'initiative diplomatique de Kaboul envers Islamabad intervient au terme d'une année qui a vu le nombre de victimes militaires et civiles du conflit afghan atteindre des records depuis l'intervention étrangère de 2001.