Alassane Ouattara, a appelé hier à recourir à la force pour faire partir son rival Laurent Gbabgo. Le président élu de Côte d'Ivoire s'exprimait lors d'une visioconférence avec un centre de réflexion de Washington. Dans le même temps, son premier ministre, Guillaume Soro, a averti que sans intervention militaire de l'Afrique de l'Ouest pour faire partir Laurent Gbagbo, "ce sera la guerre". Lors de sa visioconférence, Alassane Ouattara a accusé son rival d'avoir par le passé eu recours à la force et d'être en train d'importer des munitions ainsi qu'environ 3 000 mercenaires. "Ils viennent pour l'argent", a observé M. Ouattara. S'ils se rendent compte que la situation évolue à leur désavantage "ils partiront", a-t-il pronostiqué. Il s'est également dit prêt à former un gouvernement avec des partisans de Gbagbo. "Pendant ma campagne électorale, j'ai mis l'accent sur la réconciliation en Côte d'Ivoire", a-t-il rappelé. "J'ai aussi déclaré que je constituerais un gouvernement d'union". Un peu plus tôt, l'Union européenne augmentait la pression sur Laurent Gbagbo et ses proches en Côte d'Ivoire en décidant de geler leurs avoirs en Europe. Les sanctions visent 85 personnes — dont le président autoproclamé — ainsi qu'onze "entités", selon des sources diplomatiques. Elles ciblent notamment les secteurs pétrolier, portuaire, bancaire, ainsi que les filières du cacao, du café et du caoutchouc naturel, selon ces sources. Ces 85 personnes sont en même temps interdites de visa dans toute l'UE, selon des diplomates. La société nationale d'opération pétrolière de la Côte d'Ivoire Petroci, la société ivoirienne de raffinage, les ports d'Abidjan et de San Pedro, la Banque nationale d'investissement, la Banque pour le financement de l'agriculture, Versus Bank font partie des entités économiques visées. Ces sanctions s'ajoutent à une première liste de personnes frappées d'interdiction de visa dans l'Union européenne, sur laquelle figuraient déjà 59 personnes dont le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo et son épouse, adoptée fin décembre. Parmi les personnes sanctionnées figurent les membres du "gouvernement illégitime" de M. Gbagbo, les membres du Conseil constitutionnel accusés d'avoir "participé à la validation de faux résultats", des militaires ou des membres de la garde rapprochée du président sortant, des directeurs de journaux, ainsi que des conseillers de M. Gbagbo. Ces nouvelles sanctions interviennent alors que le premier ministre kényan Raila Odinga, envoyé par l'Union africaine, doit se rendre dimanche en Côte d'Ivoire. Il avait effectué déjà une première visite, infructueuse, début janvier. Avec trois chefs d'Etat mandatés par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), il avait rencontré MM. Ouattara et Gbagbo. M. Gbagbo est sous la menace d'une opération militaire, en préparation au niveau de la Cédéao , s'il ne cède pas le pouvoir à M. Ouattara. Vendredi, le calme régnait à Abidjan au lendemain d'attaques visant les forces de l'ONU. Selon un bilan de l'ONU publié jeudi, la crise postélectorale a fait 247 morts depuis la mi-décembre, dont des victimes de violences interethniques sans lien direct avec l'affrontement politique.