Au cours du mois de décembre 2010, le cours du coton a franchi un pic historique de 1,50 dollar la livre, à la Bourse de New York. Une première depuis le début de sa cotation en 1870. Le prix a plus que doublé en un an, rendant inévitable une répercussion de la hausse à tous les maillons de la filière. Cette flambée du cours du coton est due à un déséquilibre entre une offre demeurée stable et une demande en forte augmentation. Celle-ci est amenée par la conjonction de moult facteurs : • les catastrophes naturelles dont ont été victimes la Chine, l'Inde et le Pakistan, trois pays qui assurent en temps normal plus de la moitié de la production mondiale ; • de la grêle au Texas qui a détruit une grosse partie des récoltes et, même si la production a été supérieure à celle de l'an passé, le niveau très élevé des exportations emmènera les stocks au plus bas niveau depuis 1925; • les coûts du fret maritime qui ont repris leur progression ; • et le désintérêt pour la culture du coton chez certains exploitants. Le constat général actuel semble moins optimiste et suggère que la consommation mondiale devrait chuter de 2% et que les échanges de coton devraient être plus forts que les trois dernières années. Dans ce sens, le Département américain de l'agriculture (USDA) table sur une hausse de 14% de la production mondiale, pour raviver le stock mondial de la matière blanche qui aura chuté d'ici la fin de 2011 de 1,4% à 43,4 millions de balles. Les prévisions d'une augmentation de la production risquent de ne pas être suffisantes pour faire chuter le prix de la livre de coton et satisfaire l'approvisionnement de tous les marchés. Par ailleurs, une politique protectionniste a été, récemment, adoptée par certains producteurs de l'« or blanc », notamment, l'Inde qui a décidé de réduire ses exportations à 720.000 t. Cette mesure devait être maintenue jusqu'à mi-janvier courant, laissant aux filateurs locaux 45 jours pour produire à partir des réserves nationales. Ainsi, l'offre de plus en plus limitée au niveau mondial emmènera les industriels à réduire leur activité ou à remplacer le coton par d'autres fibres synthétiques tel le polyester. Cette alternative semblerait incontournable si le cours du coton continue son escalade. Au début de l'année, la hausse des coûts du coton a obligé la filière textile- habillement à comprimer ses marges, sans aucune volonté de répercuter ces hausses jusqu'au consommateur dont le pouvoir d'achat ne cesse de dégringoler. Les records atteints par la balle de coton ne laissent pas attendre à des augmentations des prix de vente chez les distributeurs. Les professionnels peinent à augmenter leurs prix de vente et la concurrence entre les marques devient de plus en plus serrée. Les matières premières manquent sur les marchés internationaux et les prix ne cessent de grimper. L'augmentation des importations chinoises de coton en 2010 pour nourrir son marché local en pleine expansion a laissé place à une véritable pénurie conjuguée à une baisse de la production de matières. Par ailleurs, la hausse des coûts des salaires en Asie et des parités monétaires moins favorables du cours du coton a induit à l'augmentation des prix des autres matières, notamment les fibres chimiques (polyamide, viscose, acrylique, polyester) dont les tarifs ont fait des bonds importants.