La dernière lettre économique de mars 2011, éditée par le Centre technique du textile (Cettex), fait le point sur la «hausse des prix des matières premières textiles et son impact sur le prix final du vêtement». L'édition analyse quelques faits sur le plan international et confirme que la conjoncture est défavorable, ce qui aggraverait encore plus la situation. «Plusieurs donnes s'additionnent, le recul des exploitations du coton au profit d'autres cultures, des intempéries aux catastrophes climatiques qui ont touché l'Inde, le Pakistan et la Chine auxquelles s'ajoutent les phénomènes de rétention dans ces mêmes zones ainsi que des phénomènes de spéculation régis par des fonds étrangers au domaine du textile-habillement». Cette série de phénomènes rend la production mondiale «incapable de répondre à la reprise d'une demande textile plus forte que prévue». Il est à noter, par ailleurs, que les importations de coton de la Chine, premier producteur mondial, ont fortement augmenté au cours de 2010 (+86%) et «semblent régresser en 2011 à cause du niveau élevé des prix». Le Cettex précise que l'Inde, deuxième producteur mondial, «est l'un des seuls à voir sa superficie dédiée au coton augmenter à un niveau record en 2010-2011 et il en sera probablement de même pour 2011-2012». Cette hausse du prix du coton s'étend aux autres matières textiles telles que la laine qui a augmenté de 38% en un an, et la soie qui, elle, a pratiquement doublé. Le lin, seul produit naturel stable jusqu'à aujourd'hui, «ne présente pas pour le moment des pénuries». S'ajoutent à ces faits des hausses du prix du baril de pétrole durant cette dernière période «suite aux mouvements intérieurs que connaît le monde arabe». Une hausse des prix du carburant qui se reflète inéluctablement sur les prix des fibres synthétiques dérivées du pétrole qui «connaissent une hausse de 30 à 35%». L'analyse présentée par le Centre technique du textile précise «que la demande mondiale des fibres, qu'elles soient naturelles ou synthétiques, est étroitement liée à l'évolution du PIB au niveau international. Et face à la montée en puissance des pays émergents, ce mouvement est donc forcément appelé à s'accentuer». Les Européens réduisent leurs budgets Il est à noter également que la hausse des prix des matières premières va forcément se répercuter sur le prix final du vêtement. Ainsi, «les acteurs de la filière textile-habillement trouvent beaucoup plus de mal à contracter leurs marges». Pour les spécialistes du secteur, ils calculent une augmentation théorique de 15% à 20% sur les prix des vêtements en coton proposé à la vente. Mais si la consommation reste très instable les prix de vente publics de l'habillement peuvent grimper de l'ordre de 3 à 15%. L'analyse confirme que les tissus entrent, en moyenne, pour 50% dans le prix d'un vêtement et les salaires et charges pour 20%. Elle assure également que les consommateurs européens ont bien réduit le budget qu'ils allouent à l'habillement. «En France, à fin novembre 2010, les ménages ne consacraient plus que 4,1% de leurs dépenses aux achats d'habillement et de chaussures, contre 4,4% en 2009 et 4,6% en 2008. L'évolution de la consommation des ménages, qui demeure le pilier traditionnel de la croissance, suscite toutefois quelques interrogations». L'inflation, l'envolée des prix des matières premières, s'ajoute à cela une hausse prochaine des produits alimentaires et les salaires qui restent contraints, «l'Arme Prix» n'a qu'un effet négatif en ce qui concerne les acteurs de la filière textile-habillement. La dernière lettre économique du Cettex fait le point sur le séminaire, organisé le 3 de ce mois, qui a eu pour thème la conjoncture nationale et perspectives internationales 2011 du secteur du textile et de l'habillement. Un résumé qui, lui aussi, présente des chiffres et des analyses sur l'avenir du secteur pour la prochaine période. «L'objectif de cette manifestation est de présenter aux entreprises du secteur textile-habillement une analyse prospective et mettre en exergue les dernières mutations ainsi que les perspectives à venir du secteur». Des mutations qui essayent de dépasser «le désordre qui règne au niveau du change». Ainsi, «les entreprises se sont adaptées en modifiant considérablement leur chaîne de valeur et leur chaîne d'approvisionnement et cherchent à tirer parti des disparités au niveau mondial et d'une consommation à plusieurs vitesses selon les pays et les segments». Pour certains, «les produits de luxe ont constitué une valeur refuge sur laquelle il a été possible de réaliser de la croissance et des marges».