Miracle de la révolution ! Olivier Besancenot est parmi nous pour rencontrer les différentes composantes de la société. Il représentera à ce titre son nouveau parti altermondialiste en signe de soutien inconditionnel à la Révolution tunisienne. 10h30 à l'espace El Teatro, quelques représentants de la société civile mais aussi des militants de droits de l'Homme et des citoyens ont afflué pour porter leur voix et débattre avec Olivier Besancenot, mais aussi rencontrer Chawki Salhi, porte-parole du PST (Parti socialiste des travailleurs algériens), et Basyouni, militant du Parti des socialistes révolutionnaires égyptiens. Besancenot et ses camarades ont insisté sur le fait qu'ils sont ici dans le cadre d'un soutien international au peuple tunisien dans sa marche vers une vraie démocratie et vers une réelle liberté. Pour Chawki Salhi, la Révolution tunisienne a eu un effet gigantesque dans le monde arabe et que les toutes dernières émeutes en Algérie, celles du 5 janvier, ont eu lieu à l'image de la révolte tunisienne, «le rêve de liberté est une vraie contagion. C'est la Tunisie qui a fait rêver les jeunes d'Algérie. Cette révolution a montré au monde entier que le paradis qu'on appelait la Tunisie avait aussi ses pauvres qui se sont insurgés, d'où la responsabilité de réussir et la faire aboutir», précise-t-il Olivier Besancenot qui vient pour la première fois en Tunisie, prend la parole pour dire qu'il y a aussi une bataille d'infos à mener. «Tout le monde vous regarde, précise-t-il, et le peuple, longtemps marginalisé, est aujourd'hui un acteur politique d'une grande importance à qui il faut tendre l'oreille». Par ailleurs, l'assistance a exprimé à la fois sa joie et son inquiétude ! Amel Hamrouni, militante et ex-membre du groupe El Bahth El Mousiki de Gabès, souligne : «Nous vivons un moment magique qui nous a permis de nous découvrir et notre peuple nous donne à chaque fois une belle leçon d'humilité». L'avocate Bochra Belhadj Hamida se demande : «La révolution nous a unis, toutes les classes sociales étaient sur le même front pour chasser le dictateur, maintenant les différences de classe reviennent, comment faire pour que ça ne dégénère pas en haine de classe?». Une autre question a surgi dans l'assistance cherchant à trouver une vraie signification à ce qui s'est passé : «S'agit-il d'une révolution ou tout simplement d'un processus insurrectionnel qui n'a pas encore abouti ?» Basyouni, du Parti des socialistes révolutionnaires égyptiens, a déclaré que «nous assistons à une nouvelle ère, celle des dictatures qui tombent par la seule volonté du peuple et non plus avec des putschs militaires, mais la question qui se pose c'est l'après-révolution qui est la phase de la construction à laquelle nous devons réfléchir sérieusement». Nadia El Feni, cinéaste, se pose la question suivante : «Aujourd'hui, quel projet de société nous voulons pour notre pays et la question de la laïcité est à mon sens au cœur du débat». Les rapports de force sont encore du côté du peuple mais qu'adviendra-t-il demain ? Semble se demander chacun de nous ! Réagissant à ces interventions, Besancenot a repris la parole pour préciser encore une fois qu'il n'est pas venu en donneur de leçons, encore moins comme conseiller ou guide, insistant sur un mot qu'il n'a pas cessé d'entendre «le vide politique!». «Mais ce vide politique est extrêmement plein quand tout citoyen tunisien parle de politique, que tout le monde se sent engagé et que le débat est partout, à chaque coin de rue, dans chaque café, dans chaque foyer…». Pour finir, Besancenot a insisté avant de nous quitter qu'il faut absolument réfléchir sur notre définition de la laïcité et de ne surtout pas l'importer du modèle français qui, au nom de la laïcité, est devenue un étendard de l'islamophobie.