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«L'Etat doit se mettre au service du peuple» Conférence de presse — Mission d'évaluation de la délégation du Haut commissariat aux droits de l'Homme (Hcdh)
Une équipe d'experts avec à sa tête M. Bacre Ndiaye, responsable de la division du Conseil des droits de l'homme et des procédures spéciales, a été envoyée la semaine dernière par le Haut commissaire aux droits de l'homme de l'ONU «pour explorer les différentes possibilités d'une avancée en matière de droits de l'Homme en Tunisie», a souligné M. Ndiaye, lors d'une conférence de presse tenue, hier, dans un hôtel de la place. Présents à Tunis, depuis le 25 janvier, les membres de l'équipe ont rencontré au cours de la semaine des acteurs de la société civile pour discuter de la situation des droits de l'Homme et des moyens que pourrait mettre en œuvre le Haut commissariat des droits de l'homme pour accompagner la Tunisie dans cette phase cruciale de transition démocratique et l'aider à renforcer et à promouvoir le respect des droits de l'Homme. «Le Haut commissaire nous a demandé de faire des observations et d'émettre des recommandations quant à ce qui pourrait être entrepris pour assister le peuple tunisien dans l'accomplissement de ce processus de transition démocratique», a expliqué le chef de la mission en Tunisie. L'équipe s'est entretenue avec des jeunes ainsi que des femmes et des hommes de différentes catégories sociales qui ont affirmé leur soutien aux valeurs de la liberté, de la dignité et de la justice sociale. «Les droits de l'Homme se trouvent au cœur de la volonté du peuple tunisien qui appelle à davantage de liberté, de dignité et de justice sociale au cours de cette nouvelle ère qui s'annonce», a observé M. Bacre. La mission a rencontré des défenseurs des droits de l'Homme et des organisations des droits de la femme a pu également visiter deux prisons localisées à Bizerte, afin de prendre connaissance des conditions de détention des prisonniers. Au cours de cette visite en Tunisie, les membres de l'équipe ont pu, par ailleurs, soulever le désir des jeunes Tunisiens de ne pas se «faire voler leur révolution», appelant à la concrétisation des valeurs de liberté et de justice sociale, ce qui a conduit le gouvernement provisoire à renforcer la mise en place de mécanismes judiciaires et à lancer une réforme institutionnelle, a, en outre, relevé M. Bacre. «Il y a un besoin clair de renforcer l'équilibre des forces en faveur des droits du peuple, a affirmé M. Bacre. La réforme doit clairement toucher tous les secteurs. Un secteur clé est le système de sûreté qui doit commencer à travailler en faveur du peuple et pas contre lui». Pour restaurer la dignité des citoyens, il est nécessaire de redéfinir la relation entre l'Etat et le peuple, a poursuivi le chef de la mission, relevant que l'Etat doit se mettre au service du peuple. Par ailleurs, l'écart qui s'est creusé tout au long de ces années entre les régions, dont certaines ont été marginalisées, doit être comblé, d'après M. Bacre. Ce dernier a, d'un autre côté, émis comme recommandation d'associer les acteurs de la société civile au processus de transition démocratique. «Aujourd'hui, c'est le temps de faire participer entièrement dans cette période transitoire les acteurs de la société civile afin de concevoir avec eux des solutions à long terme. Il faut s'assurer que leur voix soit entendue. L'espace pour des acteurs de la société civile s'est déjà étendu significativement depuis le 14 janvier 2011, cette ouverture doit être renforcée», a souligné M. Bacre. D'après le chef de la mission, pour que le processus se déroule sur de bonnes bases,des consultations doivent avoir lieu régulièrement afin de refléter les attentes du peuple qui doivent être prises en considération dans les réformes qui seront engagées à tous les niveaux. ------------------------------------------------------------------------ Un ensemble de recommandations La mission d'évaluation du Haut commissariat aux droits de l'Homme (Hcdh) a émis, hier, un ensemble de recommandations jugées "urgentes" par le chef de la mission Bacre Ndiaye. Il s'agit de : – Redéfinir la relation qui existe entre l'Etat et le peuple basée sur la souveraineté de la loi et le respect des droits – Réformer l'appareil de sécurité – Œuvrer à lutter contre l'impunité – Combler les inégalités entre les régions – Considérer les droits de l'Homme comme élément central du processus de reconstruction en Tunisie.