Sans donner la moindre explication, l'émission «Ness Nessma» (du 4-03-2010) a violemment pris à partie notre collègue Samira Dami, enchaînant dénigrements et injures à son encontre. Par décence, nous en tairons le détail, ni ne désignerons quiconque pour le moment. Le plus probable, vu l'énormité des propos, est que, dans cette affaire, personne n'a pu vraiment agir seul. Notre sentiment ? Indignation, d'abord, devant un étalage aussi grossier que vulgaire et gratuit. Déception ensuite, car une jeune télévision dont nous avons tant encouragé les débuts et dont nous commentons les programmes avec assiduité et, à l'instar de toutes les autres, sans pics ni complaisance, choisit précisément de «nous rendre la pareille» en faisant fi des règles élémentaires de bienséance et de confraternité. Ce qui nous surprend, voire nous choque, c'est qu'en tout état de cause, à supposer que «Nessma TV» ait eu quelque motif de nous faire des reproches, il y avait, à sa disposition, d'autres procédés, professionnels, surtout civiques, susceptibles, éventuellement, de faire valoir ses droits. Or, si l'insulte, de l'aveu même de son directeur (conf. la conférence de presse sur la semaine palestinienne) est «la seule réponse», en l'occurrence, nous avons des raisons de croire que nos amis de la chaîne maghrébine n'ont pas forcément La Presse pour cible, mais d'autres problèmes, autrement plus réels et sérieux à résoudre. Résolution enfin : car, de toute évidence, cette dérive médiatique ne peut rester sans suite, tant du point de vue du droit que de celui de l'éthique. Il va sans dire, en premier, que nous serons aux côtés de notre collègue Samira Dami (journaliste lauréate du Prix présidentiel de la critique culturelle en 2005, plume dont le talent et l'intégrité sont reconnus de longue date) comme partie au préjudice, à l'occasion du procès en diffamation qu'elle a engagé. Nous opterons, en second, pour la saisie du Conseil supérieur de l'audiovisuel, non pas seulement pour une réparation d'ordre professionnel, mais parce que, faisant partie des institutions doyennes du journalisme tunisien, les collègues et confrères de Samira ont le devoir et l'obligation de dénoncer ce qui, passé sous silence ou, plus grave, abusivement attribué à «la liberté d'expression», risque de constituer un précédent irréversible dans la pratique journalistique en Tunisie.