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Des calmants pour Saoussen Mâalej
Publié dans Business News le 01 - 03 - 2010

Elle s'appelle Saoussen Mâalej et elle est animatrice dans la chaîne de télévision tunisienne privée Nessma.
Saoussen est une fille bien de chez nous. Originaire d'un quartier bien de chez nous, issue d'une famille bien de chez nous et mariée à un garçon bien de chez nous.
Saoussen est actuellement au centre d'une polémique à la suite d'un sketch diffusé il y a une dizaine de jours dans son émission Ness Nessma. La polémique est née à la suite d'un ou plusieurs passages qui, selon ses détracteurs, ont dépassé les frontières de la bienséance télévisuelle. C'est le scandale, c'est la polémique. Les donneurs de leçons de tous bords ont dégainé leurs sempiternelles « on doit » et « on ne doit pas ».
Au visionnage des séquences « incriminées », force est d'avouer que Saoussen a dépassé la norme habituelle. Laquelle norme n'est définie que dans notre imaginaire collectif.
Ce qu'a dit Saoussen dans son sketch est infinitésimal comparé à ce que disait feu Coluche, à ce que dit Thierry Ardisson ou encore nos chers Fellag et Boujenah. Mais si on la compare aux Stéphane Guillon et Laurent Baffie, Saoussen est tout simplement à des années lumière.
Pour tout résumer, elle s'est permis de signaler que l'animateur avait 50 cm sous le pantalon et autres termes (qualifiés de vulgaires) inhabituels au paysage médiatique. Des termes puisés dans notre quotidien. De la rue. Notre rue. Mais les donneurs de leçon ont argué que tout cela ne vient pas de chez nous. Ne fait pas partie de notre culture. Que nous n'avons pas à nous inspirer des modèles européens. Que Saoussen a dépassé les frontières de la bienséance télévisuelle.
Quelles sont les frontières de la bienséance télévisuelle ? Va savoir ! Tout le monde en parle, mais aucun terrien ne les connaît avec précision. Chez nous, comme ailleurs.
Question : de qui voulez-vous que nos humoristes s'inspirent ? Des cheikhs d'Al Azhar et de Iqraa ? La population le fait déjà, c'est bien assez et ce n'est plus drôle !
Quand un cheikh autorise sur Iqraa de battre sa femme, personne ne trouve rien à redire. Quand un autre appelle (c'était la semaine dernière) à l'assassinat de tous ceux qui tolèrent la mixité à l'école et au travail, on ne trouve rien à redire. Quand la chaîne nationale diffuse des films et des feuilletons égyptiens où l'on parle de polygamie et de femmes battues, déshéritées et soumises, on ne trouve rien à redire ! Quand Hannibal TV diffuse une émission où l'animateur encourage une vieille fille à épouser un séropositif, on ne trouve rien à redire ! Mais quand Saoussen Mâalej parle de 50cm sous le pantalon de Faouez, c'est le tollé ! Qu'est-ce qui est plus dangereux pour la société ? Les discours machistes et rétrogrades des fictions arabes, la dédramatisation de la gravité du sida, ou les sketchs (soient-ils vulgaires et de mauvais goût) de Saoussen Mâalej ?
C'est connu, en matière d'humour, il y a trois locomotives : le sexe, la religion et la politique. Les trois tabous par excellence.
Pour la politique, la cause est des plus entendues, ça ne fait pas partie de nos mœurs. Pour le moment. Dans notre pays, on n'ose même pas dire non à son père, que dire alors de ses gouvernants.
Pour la religion, ça sera le blasphème suprême. Nous ne sommes pas encore prêts. On vous lynchera pour beaucoup moins que ça et on vous pondra une fatwa de suprême châtiment pour une caricature. Que dire pour un sketch. Dans ce registre, tout est offensant !
Reste le sexe. Par cette ouverture, Saoussen s'est permis une petite pénétration en faisant une vanne, sur antenne, sur son collègue Faouez. Il l'inspire ! Que voulez-vous !
C'était suffisant pour que l'on crie au scandale ! Pour que l'on exige un rappel aux ordres, pour que l'on se rende compte de l'absence d'une instance supérieure du châtiment audiovisuel.
Mon ami, le critique Khemais Khayati, d'habitude libéral et ouvert, n'a pas apprécié. Ni le sketch, ni les réactions. Selon lui, Saoussen a dépassé les limites et devrait éviter de choquer, car nous ne sommes ni à Paris, ni sur Canal+. Selon lui, il y a une déontologie dans le métier qu'il faudrait respecter ; qu'il ne faudrait pas heurter la sensibilité du public du plat pays et prendre en considération la montée du conservatisme (pour ne pas dire autre chose) dans le pays.
Khémais Khayati pense – et il est libre de le penser – que le Conseil Supérieur de la Communication devrait « réguler » le champ de l'audiovisuel en tenant compte aussi (et non pas surtout) de la frange sociale qui suit Ness Nessma…
En clair, et si l'on suit ce principe, on va avoir une Nessma et une Hannibal (deux chaînes tunisiennes privées qui ont, toutes les deux, des publics très différents) qui ressemblent à la chaîne publique nationale. En d'autres termes, une chaîne qui prend en considération les multiples sensibilités des multiples publics et qui, en fin de compte, ne rassemble et n'attire aucun des publics, puisque nul ne s'y reconnaît ! Une chaîne insipide en somme ! La nature ayant horreur du vide, ces publics vont chacun de son côté aller voir ce qui se passe ailleurs : la majorité ira vers Iqraa, Al Jazeera, et autres chaînes orientales au contenu tendancieux et pernicieux.
Les statistiques de Sigma et de Mediascan ne me contrediront pas et je les trouve choquants !
Alors qu'on ne voie qu'une infime minorité de Français, d'Italiens ou d'Allemands regarder des chaînes étrangères, il est rageant de constater que la majorité des Tunisiens ne regarde principalement QUE des chaînes étrangères.
Pire, elle regarde des chaînes qui sont 10.000 fois plus choquantes et menaçantes que Saoussen et Nessma. Une chaîne comme al-Nass attire 5,5% de taux d'audience (1%=100 mille personnes). Cette chaîne est exclusivement masculine, puisque les femmes (selon ses concepteurs wahhabites) n'ont pas le droit d'apparaître sur l'écran et de faire entendre leur voix. Au sens propre, pas au figuré !
Le vrai danger n'est pas dans les 50 cm de liberté pris par Saoussen, mais ces 5,5% d'audience d'al-Nass ! Le vrai danger n'est pas dans la vulgarité supposée (notion subjective, admettons-le) d'un sketch, mais dans la réduction de l'espace de liberté d'expression d'un quelconque créateur.
Il faut que Saoussen Mâalej se calme, ont crié ses détracteurs. Je suis d'accord ! Il faut qu'elle se calme, il lui faut des calmants ! Face à tant d'idiotie et d'aveuglement, elle en a besoin pour faire abstraction des commentaires de tous ceux qui veulent casser sa créativité et son talent et, sous prétexte de conservatisme, continuent à vouloir faire vivre la Tunisie dans le moyen-âge.


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