Au moment où l'on s'y attendait le moins, Moubarak démissionne. La joie de «Midane Ettahrir», le centre de la révolution égyptienne, est inimaginable et celle des rues de Tunis aussi. On entend les klaxons de la victoire et les slogans complices des Tunisiens, mélangés au vrombissement des hélicoptères de notre armée nationale… Les Tunisiens qui n'ont pas encore réalisé leur victoire, peuvent enfin la réaliser à travers celle des Egyptiens. Ils peuvent également être fiers d'avoir passé le flambeau. Mais Bouazizi, lui, ne réalisera jamais la portée de son geste. En moins d'un mois, le feu de la colère qui a brûlé son corps s'est propagé pour atteindre l'Egypte. Soumis pendant 30 ans, le peuple égyptien se soulève et va enfin de l'avant. C'est à croire que tout a une fin. Qu'il existe une force, peut-être divine, qui nourrit le cœur des opprimés et qu'aucun dictateur, quelle que soit la durée de son règne, ne saura braver. Hommage à nos martyrs et aux leurs. Ceux qui croient en l'au-delà peuvent les imaginer en train de faire la fête dans la cité des anges. Hommage à tous ces jeunes qui ont su «réveiller le cadavre de sa mort», comme le disait si bien, hier, le poète Al Abnoudi… Hommage à leurs «facebookers» et aux nôtres, qui ont la passion des mots et celle de la liberté. Hommage au jeune leader égyptien de «la révolution par Internet» qui a assez pleuré, et qui dit à son pays : «Bienvenue l'Egypte, tu nous as tant manqué‑!»… «Lorsqu'un jour le peuple veut la vie, force est aux ténèbres de s'évanouir et force est aux chaînes de se briser». A qui le tour‑?